Le Sentiment de soi : Histoire de la perception du corps (XVIe-XXe siècle) Georges Vigarello

Résumé

Le moi est aujourd'hui solidement ancré dans un corps auquel est portée la plus grande attention. Cette perception " physique " intérieure n'a pas toujours existé. Elle est née de lentes transformations engageant la manière même dont le sujet se perçoit. Les discours médicaux, la littérature comme les expériences concrètes, pratiques sportives ou de loisir, les révèlent. Jusqu'au XVIIIe siècle, la sensibilité traditionnelle privilégiait les cinq sens - la vue, l'odorat, le goût, l'ouïe, le toucher -, tenus pour de simples messagers de l'âme, des vigies tournées vers l'extérieur. Le moi était circonscrit à la pensée et à l'esprit : " je pense, donc je suis ". C'est dans la seconde moitié du XVIIIe siècle qu'apparaît, dans les textes de Diderot ou de l'Encyclopédie, l'idée d'un sixième sens pour désigner les perceptions internes du corps. Cette conscience inédite du corps s'exprime dans des notions nouvelles comme celle du sentiment de l'existence. Le corps coïncide avec le moi : véritable révolution de la perception de soi, qui s'exprimera bientôt abondamment dans les journaux intimes. Le XIXe siècle approfondit ces réflexions en s'interrogeant sur le rêve, la folie, l'effet des drogues, le somnambulisme. Le début du XXe siècle introduit plus qu'on ne le croit à la culture d'aujourd'hui : de la relaxation aux exercices de prise de conscience, de la détente au vertige, la conscience corporelle devient un lieu de vertige autant que d'approfondissement de l'intime. Un parcours fascinant à travers l'histoire des représentations de l'intime.

Auteur :
Vigarello, Georges
Éditeur :
Paris, Le Seuil,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Description du livre original :
1 vol. (324 p.)
ISBN :
9782020898942.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Introduction
  • PREMIÈRE PARTIE Une découverte d’« être »
    • Chapitre 1 Une tradition bousculée
      • Le rêve de d’Alembert
      • Les Lumières et le fondement du sensible
      • La sensation inédite d’un « dedans »
      • La tradition et la négligence du « dedans »
    • Chapitre 2 L’existence « classique » des cinq sens
      • Les cinq sens, « sentinelles » et « serviteurs »
      • La douleur, théâtre « distancié »
      • Les circuits de la passion
      • Le mélancolique et ses errances imaginaires
      • L’action du diable, l’imagination non le corps
      • Le vol des sorcières et le silence des sens
    • Chapitre 3 Le XVIIIe siècle et le bouleversement du sensible
      • Vibrations et palpitations de la chair
      • L’univers des sympathies
      • Bouillonnements, spasmes et étouffements
      • La douleur, l’immédiateté, le « choc »
      • Un symptôme, l’« excès » de sensibilité
      • La « vérité » sensorielle du mélancolique
    • Chapitre 4 Du « soi » au « sentiment de l’existence »
      • De l’« âme » au « soi »
      • « Rien sinon soi-même et sa propre existence »
      • « S’éprouver » et « se posséder »
      • Le somnambulisme artificiel « éclaire » les organes
      • Une obscure « paralysie du sentiment »
  • DEUXIÈME PARTIE Une découverte de savoir (XIXe siècle)
    • Chapitre 5 L’invention des « sens internes »
      • De l’anatomie pathologique au sensible
      • Le journal de maladie, un « approfondissement »
      • Les « sens internes », objets d’exploration de « soi »
      • Le journal intime, « je sens donc je suis »
    • Chapitre 6 L’invention de la cénesthésie
      • L’effort, le « fait primitif »
      • Le « corps propre »
      • Une présence immédiate à soi
    • Chapitre 7 L’exploration d’états extrêmes
      • Quêter l’inédit
      • Les sensations du rêveur
      • L’opium : « apocalypse intérieure »
      • La folie : « spasmes des centres de sensibilité »
      • Les promesses de l’anesthésie
    • Chapitre 8 De la régulation nerveuse au psychique
      • Une sensibilité interne en quête de « lieu »
      • Les « titubations » de l’hystérique
      • Une sensibilité en quête de mots
      • « Je ne suis plus moi-même », du « soi » au « moi »
      • L’invention du psychique
  • TROISIÈME PARTIE Une découverte d’action
    • Chapitre 9 L’extension illimitée du sensible
      • Inventaires, classements, mesures
      • L’emprise du monde
      • Envahissements psychiques
      • Tout est interne
      • Les excitations de la ville
      • L’épuisement du neurasthénique
    • Chapitre 10 Le triomphe du psychologique
      • « Le système nerveux fonctionne comme un tout »
      • Le corps « sait »
      • L’image motrice ou l’intériorité déployée
      • Le schéma corporel ou le pouvoir de localisation
      • L’image inconsciente du corps
      • Un corps imaginé
    • Chapitre 11 Le triomphe du faire
      • Étourdissements et vertiges
      • L’inédit de la « détente »
      • La relaxation et la respiration
      • La danse et le « dedans » du corps
      • La tentation de l’« orthopédie morale »
      • L’exercice et la transformation de soi
  • Conclusion
  • Notes
  • Index
  • Table
  • Index
    • A
    • B
    • C
    • D
    • E
    • F
    • G
    • H
    • I
    • J
    • K
    • L
    • M
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    • O
    • P
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    • R
    • S
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    • V
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    • Y
    • Z
    • É

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