Peut-on réparer l'histoire ? : colonisation, esclavage, Shoah Antoine Garapon
Résumé
Alors que rebondit le débat autour de la repentance et de la colonisation, les tribunaux civils sont de plus en plus sommés d'indemniser les "préjudices de l'histoire ". On savait, depuis Nuremberg, que la justice pénale internationale pouvait juger les dirigeants, mais voici que, à présent, le droit privé est convoqué pour solder les comptes de l'histoire: spoliations des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, stérilisation de populations colonisées, occupation des terres des aborigènes, par exemple. Le mal dans l'histoire est-il un préjudice qu'on peut réparer ? L'indemnisation financière peut-elle ouvrir la voie à une réconciliation ? Les victimes y trouvent-elles vraiment la reconnaissance qu'elles cherchent? Ne s'agit-il pas là d'une marchandisation de la justice? Une enquête inédite sur une nouvelle façon de panser les plaies de l'histoire.
- Auteur :
- Garapon, Antoine (1952-....)
- Éditeur :
- Paris, O. Jacob, impr. 2008
- Genre :
- Essai
- Langue :
- français.
- Note :
- Bibliogr. des oeuvres de A. Garapon, 1 p.
- Mots-clés :
- Description du livre original :
- 1 vol. (287 p.) : couv. ill. en coul. ; 22 cm
- ISBN :
- 9782738120625.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- Introduction
- Punir, réconcilier, réparer
- Réparations symboliques, politiques et matérielles
- Une double nouveauté
- Un débat mal construit
- Le double pari de ce livre
- Le double défi de la « mise du monde en dettes »
- Peut-on appliquer les catégories du droit civil aux rapports politiques ?
- Première partie. Une nouvelle utopie politique
- Chapitre premier. La naissance de l’idée de réparations civiles de l’histoire
- Une idée américaine
- Civil action v. procès civil continental
- La disqualification du droit
- Summum jus, summa injuria24
- Une justice par tous les moyens
- Impérialisme moral ou premier pas vers une justice universelle ?
- La lex americana
- Un usage vertueux de la puissance ?
- L’épreuve de l’universalisation
- Le glissement de la restitution à la réparation
- Un droit d’exception inversé
- Une nouvelle autorité
- Une force instituante
- L’inspiration d’actions futures
- Chapitre 2. L’espoir d’un dépassement de l’histoire
- Une nouvelle représentation de l’histoire
- Un nouvel individualisme historique
- Ni tribunal de l’histoire ni jugement dernier, mais une justice concrète
- Terminer une action
- Dette, peine et pardon
- Une indemnisation de l’histoire en temps réel
- Rendre le monde durable. Une requalification judiciaire de l’histoire
- L’affaire des Blacks Hills91
- Une justice des biens
- Une vision libérale du temps ?
- Réparer l’ordre du monde
- Chapitre 3. Le pari d’une justice plus objective
- Des relations médiatisées par les biens
- La certitude de la matière : une justice matérialiste
- Un calcul devient possible
- Un droit moins lié au pouvoir, aux sentiments et à la morale
- La mémoire de la terre
- L’arrêt Mabo
- Un droit de suite sur les meubles
- La restitution de la collection Goudstiker
- Une banalisation du mal ?
- Tout doit pouvoir être converti en dette liquide et exigible
- Une plus grande latitude au prix d’une moindre intensité morale
- Une qualification qui risque de dénaturer l’événement ?
- Une autonomisation des rapports juridiques
- Chapitre 4. Le rêve d’une « civilisation » du monde
- Des actions judiciaires pour pallier des systèmes juridiques défaillants
- Un droit qui vient de la base
- Un droit d’actions
- Des actions qui effacent la différence entre l’interne et l’international
- D’une justice indépendante à une justice déliée de la politique
- L’anticipation d’un monde unifié par la procédure
- L’affaire Nike
- Mondialisation par les procédures
- Une solidarité objective (par les objets)
- Chapitre 5. La tentative de donner forme par la dette au lien politique mondialisé
- Les stolen generations
- La reconnaissance de dette, la dette comme reconnaissance
- Une violence politique particulière
- L’indemnisation comme tentative de sortir du déni de reconnaissance
- La dignité du partenaire économique
- Une nouvelle perception de l’oppression politique
- La fin de la centralisation des dettes dans l’état
- Perte du monopole de représentation de ses ressortissants
- Du sacrifice pour la patrie à la réclamation de dommages et intérêts
- La dette comme mise en forme de nouveaux rapports politiques
- Déterritorialisation
- Une « désimplification » de l’identité interne
- Chapitre premier. La naissance de l’idée de réparations civiles de l’histoire
- Deuxième partie. Les contradictions d’une justice civile universelle
- Chapitre 6. L’impossible retour au statu quo ante
- Le retour au statu quo ante est-il toujours possible ?
- Rebus stic standibus 186… la condition de stabilité de la justice civile
- Le traité de Waitangui
- Préjudice dans l’histoire et préjudice de l’histoire
- Peut-on s’abstraire de la condition historique ?
- Quand bien même le retour au statu quo ante serait-il possible, serait-il juste ?
- Comment justifier la sélection des préjudices à réparer ?
- Le temps transforme le fait en droit
- La sagesse pratique de la justice restitutive
- Une approche conséquentialiste de la justice
- Dépassement de l’histoire par la justice, dépassement de la justice par l’histoire
- Seule l’histoire peut rendre justice à l’histoire
- Chapitre 7. Les dérives d’une justice sans tiers
- Une demande interminable
- De l’imprescriptible à l’interminable
- Des transactions ambiguës
- L’absence de critères objectifs et incontestables
- Des contestations sur le sens de la transaction
- Un doute infini sur la justice
- Le tiers invisible du droit civil
- Chapitre 8. L’ambivalence de la réparation financière
- Les femmes de réconfort
- Les limites de l’équivalence de l’argent
- L’argent peut-il tout mesurer ?
- L’argent est-il un équivalent vraiment universel ?
- Le prix de l’argent
- L’ambivalence de l’indemnisation monétaire
- L’argent réunit et divise
- L’argent marque l’importance et désingularise l’événement
- L’argent honore et avilit
- Un instrument trop puissant qui libère trop !
- Comment rendre l’argent à la fois instrumental et symbolique ?
- Refuser l’argent
- Le redonner, entièrement ou en partie
- La restitution des rentes d’assurance-vie des victimes du génocide arménien
- L’euro symbolique
- La fondation
- Une somme pour indemniser, un « plus » pour reconnaître
- Chapitre 9. Les limites du formalisme juridique
- L’indemnisation des victimes de la répression marocaine
- L’acquittement d’une dette entraîne-t-il ipso facto reconnaissance ?
- Un effet de reconnaissance possible mais pas automatique
- Deux projets partiellement communs, partiellement contradictoires
- À quelle condition le règlement de la dette entraînera-t-il reconnaissance ?
- Articuler l’argent à une parole de justice
- Une reconnaissance sans frais ?
- Suffit-il de s’excuser ?
- L’importance du récit de justice
- Une destination claire
- L’argent, gage d’une nouvelle relation
- Chapitre 6. L’impossible retour au statu quo ante
- Chapitre 10. Pour un désendettement mutuel par la politique
- Durban, le rêve d’un apurement généralisé de toutes les dettes de l’histoire
- La construction européenne : un désendettement mutuel par la politique
- Positiver l’endettement mutuel
- L’Europe, une communauté d’endettés mutuels
- Retrouver la politique
- Conclusion
- Retrouver la politique de manière renouvelée
- La désarticulation du droit, de la morale et de la politique
- Une justice par des objets transitionnels
- Retrouver la politique de manière renouvelée
- Notes
- Remerciements
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