La France a peur : une histoire sociale de l'"insécurité" Laurent Bonelli
Résumé
" Zones de non-droit ", " délinquants toujours plus jeunes et plus récidivistes ", " flambée de la violence urbaine " : l'" insécurité " semble devenue l'un des principaux problèmes sociaux du début du XXIe siècle en France. Les responsables politiques, de droite comme de gauche, invoquent la " demande de sécurité " de leurs électeurs pour réclamer une action plus énergique de la police et de la justice et les gouvernements successifs ont rivalisé dans l'adoption de lois et de mesures nouvelles en la matière. D'où vient une telle inflation du thème de la sécurité depuis le début des années 1980 ? Dans quelle mesure a-t-elle modifié la perception des milieux populaires et de leurs problèmes sociaux ? Cet ouvrage montre que l'émergence de l' " insécurité " est inséparablement liée aux formes de précarité qui se développent depuis la fin des Trente Glorieuses et au recul constant de l'État social. C'est à partir de l'ensemble de ses dimensions qu'il aborde cette question : des transformations des quartiers populaires à celles du jeu politique ; du traitement médiatique de la " délinquance " aux savoirs et expertises en tout genre mobilisés pour l'interpréter ; des politiques locales de sécurité jusqu'aux mutations profondes intervenues dans l'organisation et les missions de la police, de la justice et de l'école. Avec la reformulation progressive de la question sociale en impératif d'" ordre dans la rue ", c'est tout un pan des relations entre les citoyens et les institutions républicaines qui a changé de visage. Un livre somme qui permet de prendre la mesure d'un changement d'époque.
- Auteur :
- Bonelli, Laurent
- Éditeur :
- Paris, la Découverte, impr. 2008
- Collection :
- Cahiers libres
- Genre :
- Essai
- Langue :
- français.
- Mots-clés :
- Description du livre original :
- 1 vol. (418 p.) : couv. ill. en coul. ; 24 cm
- ISBN :
- 2707150843 ; 978-2-7071-5084-4.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- Introduction
- Quelques réflexions sur l’enquête
- Notes de l’introduction
- I. Les transformations des quartiers et des milieux « populaires » dans la France des années 1980
- Notes
- 1. Les « grands ensembles » et leur histoire
- La construction des « grands ensembles »
- Croissance démographique, exode rural et développement industriel
- Toulouse : une « métropole régionale »s
- Créteil : de la commune de banlieue à la préfectureu
- Le logement, un problème d’État
- Les « grands ensembles » toulousains et cristoliens
- L’âge d’or des HLM ?
- Les logiques de peuplement à Créteil
- Croissance démographique, exode rural et développement industriel
- Proximité spatiale, distance sociale ?
- Des tensions originelles
- Exit résidentiel et « captifs » des cités
- Des quartiers « immigrés » ?
- Paupérisation et montée des concurrences
- Les transformations de l’emploi au Mirail
- Structure des âges et conflits de générations
- Notes du chapitre 1
- La construction des « grands ensembles »
- 2. Disciplines et indisciplines des jeunesses populaires
- La « généralisation » scolaire et ses effets
- Culture « antiécole » et culture d’atelier
- Du désenchantement scolaire aux « violences scolaires »
- Une reformulation des tensions entre élèves
- Les évolutions du travail non qualifié
- L’intérim et la fin de la culture d’atelier
- La tertiarisation et la féminisation de l’emploi non qualifié
- Ces « jeunes dont on parle »
- Notes du chapitre 2
- La « généralisation » scolaire et ses effets
- II. Une généalogie des discours politiques de sécurité
- Notes
- 3. Des Minguettes à Vaulx-en-Velin : vers une approche globale de la question urbaine ?
- La (re) découverte des désordres urbains
- Le Comité d’études sur la violence, la criminalité et la délinquance
- La Commission des maires sur la sécurité
- Un réseau de « modernisateurs » de l’État
- La « deuxième gauche » et l’essor de la politique de la Ville
- La prévention de la délinquance, un volet de la politique de la Ville ?
- Notes du chapitre 3
- La (re) découverte des désordres urbains
- 4. De la question urbaine à la lutte contre l’« insécurité »
- Le discrédit symbolique des politiques de la Ville
- Des émeutes comme révélateurs d’un « échec »
- Des « causes sociales » aux « comportements individuels »
- La « responsabilité individuelle » au centre de l’analyse
- Aggiornamento idéologique au parti socialiste
- L’insécurité comme inégalité sociale
- Le colloque de Villepinte et ses suites
- La fuite en avant vers 2002
- Notes du chapitre 4
- Le discrédit symbolique des politiques de la Ville
- III. Comment l’« insécurité » est-elle devenue un objet et un enjeu du débat politique ?
- 5. De la gestion locale de la sécurité à la gestion de la sécurité locale
- Des usages locaux de la sécurité
- Des « habitants » mobilisés contre l’insécurité
- [Notes du 17 novembre 1998]
- [Notes du 11 novembre 1998]
- Les arrêtés antimendicité
- Rassurer, contrôler, négocier
- Des « habitants » mobilisés contre l’insécurité
- Codification et standardisation des pratiques locales
- Les associations d’élus : une bourse d’échange en technologies sociales de sécurité
- Les « consultants » en sécurité urbaine
- Notes du chapitre 5
- Des usages locaux de la sécurité
- 6. La sécurité comme investissement politique
- L’abstention et la montée du vote Front national
- Le vote Front national et la sécurité
- Le « nouveau jeu politique »
- Partis et mise en circulation des biens politiques
- Politologues, sondeurs et experts en sécurité
- La sécurité comme bien politique
- Notes du chapitre 6
- L’abstention et la montée du vote Front national
- 5. De la gestion locale de la sécurité à la gestion de la sécurité locale
- IV. La reformulation « médiatique » de la sécurité
- Notes
- 7. L’« insécurité » télévisée
- Quels sont les magazines télévisés consacrés à l’« insécurité » ?
- Qui sont les invités sur les plateaux de télévision ?
- Les reportages
- La structure des reportages
- La teneur des reportages
- Notes du chapitre 7
- 8. Un cas d’école : « Vous avez demandé la police »
- Présentation
- Le montage des sujets
- La sélection des invités
- Journalistes et policiers
- Des « jeunes » conformes
- Le point de vue des « experts »
- Hiérarchisation, problématisation et consécration
- Notes du chapitre 8
- Présentation
- V. Production, avènement et usages d’une science de l’État
- Notes
- 9. Police et délinquance, des recherches sous contrainte
- Un espace savant faiblement autonome
- L’impossible criminologie française ?
- Quelques particularités des études de la délinquance en France
- Lieux « neutres » et lieux communs. L’Institut des hautes études sur la sécurité intérieure
- De la recherche sur l’institution à la recherche institutionnelle
- Instruments et diffusion d’un nouveau sens commun en matière de sécurité
- Notes du chapitre 9
- Un espace savant faiblement autonome
- 10. L’élaboration et la diffusion d’une doctrine : les contrats locaux de sécurité
- La construction d’une doctrine
- La genèse du département Ingénierie et conseil et l’« invention » d’une méthode pratique
- Splendeur et misère de l’ingénierie
- Techniques et instruments de diffusion d’une doctrine
- La formation des missions centrales et le Guide pratique
- Une mobilisation d’État
- Des savoirs « intermédiaires » et neutralisés
- Notes du chapitre 10
- La construction d’une doctrine
- VI. Qu’est-ce qu’une « politique locale de sécurité » ?
- Notes
- 11. Une confluence de perspectives et de préoccupations hétérogènes
- Des « quartiers sensibles » à géométrie variable
- La lutte contre la « violence » et les « incivilités »
- Notes du chapitre 11
- 12. Quand la sécurité redéfinit les équilibres locaux
- Des CLS traversés par des réformes d’institution
- L’accélération de la Justice et la lutte contre les classements « secs »
- Les avatars de la lutte contre la « violence scolaire »
- Enseignants et exclusions
- Enrôlement et invention au niveau local
- Coordonner les interventions et les moyens
- Le resserrement de l’encadrement des indisciplines locales
- Notes du chapitre 12
- Des CLS traversés par des réformes d’institution
- VII. Réorganisation et revalorisation du travail policier
- Notes
- 13. L’autonomie policière à l’épreuve des réformes
- Réformes de la police et « modernisation » du service public
- Garantir les effectifs policiers sur le terrain
- L’« efficacité » policière en question
- La police de proximité et le management policier
- Les contradictions de la « reconquête policière » des quartiers
- Les réformes et leurs limites
- Les « chasseurs » et le traitement judiciaire des indisciplines juvéniles
- Notes du chapitre 13
- Réformes de la police et « modernisation » du service public
- 14. Les Renseignements généraux à la découverte des quartiers : histoire et implications d’une conversion
- Police « politique » et police de la politique
- Des cibles « politiques »
- Crise de légitimité et transformations de la surveillance
- Les RG et les « violences urbaines »
- Production de la mesure, diffusion et naturalisation de la catégorie « Violences urbaines »
- De la « théorie RG » à la « pratique RG »
- Luttes policières et revalorisation institutionnelle
- Notes du chapitre 14
- Police « politique » et police de la politique
- Remerciements
- Notes du remerciement
- Postface à l’édition de 2010
- D’une configuration disciplinaire à l’autre
- L’« insécurité » ou l’introuvable discipline postfordiste
- Notes de la postface
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