Coup de cœur

Elle s’appelle Rose. Elle a 14 ans. Pour faire vivre le reste de la famille son père la vend au maître de forge du village. Elle se retrouve sous la tutelle d’une vieille femme autoritaire et acariâtre et de son fils, un petit châtelain dont le seul but est d’avoir un héritier. Désormais la vie de Rose ne sera que misère et labeur. Pour résister elle se réfugie dans les mots, « les mots qu’elle a appris à aimer, les mots magiciens ». Rédiger son journal devient pour cette gamine illettrée le seul moyen de survivre. Elle remplit des cahiers dans lesquels elle raconte son quotidien sordide dont personne ou presque… n’a idée. « Né d’aucune femme » est un roman qui décrit avec réalisme la dureté d’un certain monde rural que Franck Bouysse ne situe ni dans le temps ni dans l’espace, un monde passé que l’on a peine à imaginer, sauf peut-être dans les contes de notre enfance. Les personnages prennent la parole à tour de rôle. Ils nous sont proches et authentique grâce à une langue magnifique, entre rudesse et poésie, mais toujours juste et parfaitement adaptée aux circonstances et à la personnalité de chacun. C’est un roman sombre et cruel avec quelques parenthèses de lumière, d’une puissance et d’une beauté à couper le souffle. Franck Bouysse a un grand talent de conteur. Il nous emporte de la première à la dernière page et il faut attendre la fin pour boucler la boucle de cette histoire terriblement poignante. Né d’aucune femme est également un vibrant hommage à l’écriture. (A.P.)