Coup de cœur

Août 1914 dans un hameau du Cantal. C’est la mobilisation et tous les hommes partent pour le front. Plutôt que de nous décrire ce qui se passe dans les tranchées Franck Bouysse a choisi de nous parler de ceux qui sont restés au pays : les trop jeunes, les trop vieux, les femmes, les réformés. Il nous propose une galerie de personnages qui vont s’aimer, se haïr, s’affronter, s’entraider. On fait la connaissance du jeune Joseph resté seul avec sa mère et sa grand-mère après le départ de son père et qui va découvrir tout à la fois la réalité de la guerre, le dur labeur de la terre et l’amour avec la belle Anna. Il y a aussi Le vieux Léonard, l’irascible Valette et plusieurs générations de femmes. Longtemps cantonnées à la cuisine et au ménage, celles-ci vont peu à peu s’affirmer et prendre la place des hommes, bien résolues à ne pas perdre leurs privilèges une fois la guerre terminée. Franck Bouysse est un raconteur d’histoires. On est sous le charme de sa belle écriture. Il nous plonge dans un monde où les sentiments sont exacerbés, où règnent la passion, où la violence, la haine et la folie côtoient l’amour, l’amitié et la générosité. Bien qu’assez sombre ce récit est éclairé par de jolis moments lumineux. La glaise c’est la terre qui nourrit, qui ensevelit les corps mais que l’on peut aussi modeler et sculpter. C’est un joli titre pour ce roman d’apprentissage qui ne manquera pas de laisser son empreinte dans la mémoire du lecteur. (A.P.)