La démocratie contre les experts : Les esclaves publics en Grèce ancienne Paulin Ismard
Résumé
Supposons un instant que le dirigeant de la Banque de France, le directeur de la police et celui des Archives nationales soient des esclaves, propriétés à titre collectif du peuple français. Imaginons, en somme, une République dans laquelle certains des plus grands serviteurs de l'Etat seraient des esclaves. Ils étaient archivistes, policiers ou vérificateurs de la monnaie : tous esclaves, quoique jouissant d'une condition privilégiée, ils furent les premiers fonctionnaires des cités grecques. En confiant à des esclaves de telles fonctions, qui requéraient une expertise dont les citoyens étaient bien souvent dénués, il s'agissait pour la cité de placer hors du champ politique un certain nombre de savoirs spécialisés, dont la maîtrise ne devait légitimer la détention d'aucun pouvoir. Surtout, la démocratie directe, telle que la concevaient les Grecs, impliquait que l'ensemble des prérogatives politiques soit entre les mains des citoyens. En rendant invisibles ceux qui avaient la charge de son administration, la cité conjurait l'apparition d'un Etat qui puisse se constituer en instance autonome et, le cas échéant, se retourner contre elle. Que la démocratie se soit construite en son origine contre la figure de l'expert gouvernant, mais aussi selon une conception de l'Etat qui nous est radicalement étrangère, voilà qui devrait nous intriguer.
- Auteur :
- Ismard, Paulin
- Éditeur :
- Paris, Le Seuil, 2015
- Genre :
- Essai
- Langue :
- français.
- Description du livre original :
- 1 vol. (269 p.)
- ISBN :
- 9782021123623.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- AVANT-PROPOS
- Introduction
- Esclavage des Anciens, des Modernes et des Sauvages
- Qu’est-ce que l’esclavage public ?
- La cité à la lumière de ses esclaves
- Chapitre I Genèse
- Le dêmiourgos homérique
- La clémence d’Ulysse
- Dolon mis à mort
- Dédale, dêmiourgos et esclave ?
- L’étranger spécialiste au service de la communauté civique
- Spensithios le Scribe
- Patrias, scribe et esclave ?
- La tyrannie à l’origine de l’esclavage public ?
- L’esclavage public, fils du régime démocratique
- Chapitre II Serviteurs de la cité
- Les petites mains des institutions civiques
- Les écritures publiques
- Les empreintes civiques
- Surveiller et châtier
- Artisans au service de la cité
- Prêtres pour la cité ?
- Acquérir des esclaves
- Un « service public » dans la cité classique ?
- Chapitre III Étranges esclaves
- Le corps esclave
- Des esclaves privilégiés
- Des esclaves propriétaires de biens… et d’esclaves
- Un « privilège de la parenté » ?
- « Comme des libres »
- Les honneurs de la cité
- L’esclave comme bien public
- Le statut de dêmosios
- Chapitre IV L’ordre démocratique des savoirs
- Esclaves et experts
- Le « vérificateur » des monnaies
- Euclès, greffier et comptable
- Nicomachos le Juriste
- L’épistémologie démocratique : Protagoras ou la cité des aulètes
- L’alchimie du politique
- Le philosophe dêmiourgos
- De quoi le savoir de l’esclave est-il le nom ?
- Esclaves et experts
- Chapitre V Les mystères de l’État grec
- Problèmes de l’État en Grèce ancienne
- Le serviteur idéal
- La polis contre l’État
- L’institution de la cité comme énigme
- Double du dieu et ombre du roi
- Le disciple inconnu
- Spectres de Socrate
- Le premier chrétien : « Reconnais-tu ce que tu connais ? »
- Conclusion
-
- Le politique neutralisé
- Vie et mort d’une institution
- Le simple corps de la cité
-
- Remerciements
- Notes
- Introduction
- Chapitre I. Genèse
- Chapitre II. Serviteurs de la cité
- Chapitre III. Étranges esclaves
- Chapitre IV. L’ordre démocratique des savoirs
- Chapitre V. Les mystères de l’État grec
- Conclusion
- Remerciements
- Bibliographie
- Bibliographie
- Pour une histoire décloisonnée du fait esclavagiste
- Esclavage public et royal : des comparables
- L’esclavage public en Grèce ancienne
Commentaires
Laisser un commentaire sur ce livre