Coup de cœur

Pierre Ménard, étudiant en école de commerce d’à peine vingt-deux ans, propose « 20 bonnes raisons d’arrêter de lire » car - il en est convaincu - lire est un crime : « Bien sûr, je sais que ma théorie remet en question de nombreux lobbies et menace de détrôner des idoles, mais je suis prêt à en assumer le risque. La vérité est à ce prix. Ce combat s’inscrit dans la lignée de celui de Galilée contre Bellarmin, de Schoelcher contre l’esclavage, de la raison contre l’obscurantisme. Même si je n’en ressors pas indemne, du moins aurai-je tenté d’ouvrir les yeux du monde. » Ainsi, Pierre Ménard prévient son lecteur : lire n’est pas sans risques car cela rend laid, fainéant, triste, pédant, snob, fou et réactionnaire. Les livres eux-mêmes sont nuls, mentent et ne sont pas faits pour être lus. De plus, lire est un plaisir élitiste, économiquement aberrant et dangereux pour la société, qui détruit l’environnement, coupe du monde, nuit à la réussite professionnelle et parfois, même, tue. Voilà l’accablant tableau que dresse Pierre Ménard de la lecture et de la littérature, avec une mauvaise foi confondante et une ironie mordante, à grand renfort de références, citations et statistiques prouvant l’inutilité, voire la dangerosité, de la lecture. Derrière un titre volontairement provocateur se cache un brillant essai mêlant humour et érudition. Pierre Ménard réussit le pari de donner à son lecteur encore plus envie de lire, le pamphlet étant - heureusement ! - un éloge déguisé de la lecture.