Coup de cœur

Les romans de Frédérique Martin sont tous de petits bijoux de poésie, racontant un quotidien avec des détails justes et touchants, une vie que l’on reconnait, qui entre en résonnance avec tout ou partie de nous-mêmes. Là, elle nous offre, à travers une correspondance entre un couple âgé que la maladie contraint à une séparation provisoire, une vision de l’amour on ne peut plus forte et romantique. Car Joseph, exilé chez son fils, a du mal à vivre sans sa femme, Zicka, qui doit soigner son cœur à Paris et vit chez leur fille. 56 ans qu’ils vivent ensemble, un quotidien tissé de mots doux, d’habitudes sereines et de jolis moments. Pourquoi leur fille Isabelle, n’a -t-elle pas voulu les héberger tous les deux ? Et que cache le fils Gauthier, qui ne s’occupe pas beaucoup du vieux joseph, son père ? Ce couple admirable qui a vécu dans l’amour, attentif encore aux moindres gestes tendres, aux petits soins l’un pour l’autre, aurait pu servir d’exemple à leurs deux enfants. Mais non, plus la correspondance avance, plus les secrets se font jour, et plus la rancœur de la fille qui se sent exclue de la tendresse que se porte ses parents, finit par laisser éclater la haine qui couvait derrière cette idylle si parfaite. Aimer ne suffit pas si l’amour vous rend aveugle aux autres, y compris à ses propres enfants. Malgré une fin tragique et un dénouement un peu dur, le roman se lit avec un réel plaisir et on se surprend à envier tout de même l’amour infini et indestructible de Joseph et Zicka.