La guerre sociale en France Romaric Godin
Résumé
La tentation d'un pouvoir autoritaire dans la France de 2019 trouve ses racines dans la vision économique du candidat Macron. En défendant l'idée d'une transformation néolibérale radicale du modèle économique, ce programme conduit à un inévitable conflit avec une population opposée à une telle évolution. Incapable de construire une majorité autour de ce projet, le pouvoir n'a d'autres solutions que de durcir la démocratie par un excès d'autorité permanent. Depuis des décennies, la pensée néolibérale française mène une guerre larvée contre le système économique de l'après-guerre. Mais la résistance d'une population refusant un déséquilibre des politiques en faveur du capital a abouti à un modèle mixte, intégrant des éléments néolibéraux plus modérés qu'ailleurs, et maintenu un compromis social. Le système politique français a ainsi construit un équilibre sur une série de compensations au monde du travail face aux réformes. À partir de la crise de 2008, l'offensive néolibérale s'est accentuée et radicalisée dans un rejet complet du compromis politique et de l'équilibre. L'échec de Sarkozy et de Hollande à imposer une accélération des réformes a débouché sur une vision extrémiste du néolibéralisme, inscrite dans le programme d'Emmanuel Macron. Ce dernier se présente comme l'homme de la revanche d'un capitalisme français qui jadis a combattu et vaincu le travail avec l'appui de l'État, mais qui a dû, dans les années 1930, accepter la médiation publique pour " civiliser " la lutte de classes. Selon Emmanuel Macron, la guerre sociale, déclarée voici quarante ans, doit désormais aboutir à la victoire de l'État néolibéral. C'est oublier que la France rejette profondément cette évolution. Arrivé au pouvoir sans disposer d'une adhésion majoritaire à ce programme, le président doit faire face à des oppositions hétéroclites mais décidées à rejeter son projet néolibéral, largement à contretemps des enjeux de l'époque. Mais dans un système politique capable de lui donner le pouvoir sans lui assurer d'adhésion majoritaire, il avance en force, en voulant faire taire les oppositions par des excès continuels d'autorité. Selon une méthode classique du néolibéralisme : de l'épuisement de la société doit provenir son obéissance. Pour cela, il n'hésite pas à bousculer une démocratie déjà fragilisée.
- Auteur :
- Godin, Romaric
- Éditeur :
- Paris, La découverte, 2019
- Genre :
- Essai
- Langue :
- français.
- Description du livre original :
- 1 vol. (245 p.)
- ISBN :
- 9782348045790.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- Introduction
- 1. L’ordre néolibéral ou la revanche du capital
- Qu’est-ce que le néolibéralisme ?
- Le « centrisme » néolibéral
- La théorie de la valeur
- Le consensus scientifique
- La financiarisation de la société
- L’État néolibéral
- Des politiques centrées sur le capital
- La nature de l’État néolibéral
- L’encadrement de la démocratie
- Le consensus politique comme fabrique du consentement
- La lutte de classes revisitée
- Néolibéralisme et travail
- Le mythe de l’économie sociale de marché
- Un régime d’inégalités
- Qu’est-ce que le néolibéralisme ?
- 2. Le capitalisme français dans l’ère néolibérale
- L’inachevée conversion au néolibéralisme
- La France, l’autre patrie du néolibéralisme
- L’instauration du néolibéralisme en France
- La victoire à la Pyrrhus du néolibéralisme français
- Le néolibéralisme à petits pas
- Les origines de l’exception française
- Les origines économiques
- Les origines politiques
- Les origines historiques
- L’inachevée conversion au néolibéralisme
- 3. Genèse du macronisme, ou la montée des tensions
- Le modèle français et sa critique néolibérale
- Performances et limites du modèle français
- La lutte culturelle contre le modèle français
- Les réformes ou la mort
- La science ou le fascisme
- La radicalisation du néolibéralisme français
- La commission Attali
- La crise de 2008 ou la ruse de l’histoire
- L’offensive du néolibéralisme en France (2010-2017)
- Le modèle français et sa critique néolibérale
- 4. L’inévitable guerre sociale
- Qu’est-ce que le macronisme ?
- Une pensée profondément néolibérale
- Le progressisme, socialisme de substitution
- La stratégie politique : le néolibéralisme à visage humain
- Le face-à-face
- L’abandon immédiat du « en-même-temps »
- L’État au service du capital
- L’épreuve du feu
- L’affrontement
- Qu’est-ce que le macronisme ?
- 5. Vers la démocratie autoritaire
- L’impasse Macron
- L’impasse politique
- L’impossible séduction
- Une « révolution » à contretemps
- L’impossible contrainte extérieure
- La tentation de la démocratie autoritaire
- Le fanatisme centriste
- Le recours à l’autorité
- L’impasse Macron
- Conclusion
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