Résumé

Charles Rosen, pianiste américain de renommée internationale et de culture tout européenne, se propose dans cet ouvrage devenu déjà lui-même un classique aux États-Unis, de repenser entièrement la notion controversée de style musical classique, qui naît avec Haydn et Mozart, vers 1775, et s'achève pour lui avec Beethoven ; style fondé sur la tonalité et le tempérament égal et dont il analyse toutes les caractéristiques musicologiques et culturelles. À la lumière de réflexions pertinentes sur les origines de ce nouveau style inauguré par Haydn, sur sa dette envers l'opéra-comique, sur ce qui le différencie du baroque ou du romantisme, Charles Rosen entreprend un examen détaillé des partitions de ceux qu'il tient pour les maîtres de la trilogie classique : symphonies et quatuors à cordes de Haydn, concertos, quintettes et opéras bouffes de Mozart, enfin sonates pour piano de Beethoven qui en constituent la forme ultime. Insistant sur la tension dramatique qui est au coeur de toutes ces oeuvres, il en vient à définir le style classique comme "la résolution symétrique de forces opposées". Mais loin de se référer exclusivement aux genres qui illustrent cette notion d'équilibre des extrêmes, il analyse dans des chapitres substantiels l'opéra seria (notamment l'ldoménée de Mozart), de même que les messes et les oratorios de Haydn, ce qui lui permet d'apporter des réponses personnelles au problème tant discuté de la musique d'église à l'âge classique. Une grande sensibilité aux hommes double ici l'analyse formelle. En Haydn se mélangent l'innocence pastorale, l'ironie "candide", l'humour, la lucidité et l'énergie joyeuse. L'auteur compare avec beaucoup d'esprit le quatuor à cordes à la prose et à la conversation du XVIIIe siècle. Mozart nous apparaît dans cette séduction physique qui relie subversivement la pensée révolutionnaire et l'érotisme. On devine finalement quel sens l'auteur donne à son style classique : le mot clé, c'est le drame.