Coup de cœur

Le mot clarinette a soudainement disparu de sa mémoire. Vassilis Alexakis, partagé entre la Grèce et la France, n’arrive à se souvenir de ce mot ni en grec, ni en français, alors même que des images de clarinette surgissent en permanence dans son quotidien. Il décide de partir à la recherche de ce mot absent, de cette soudaine et étrange éclipse de la mémoire afin de pouvoir relier les détails l’expliquant. Cette quête, il se la raconte à lui-même, mais aussi aux disparus : ses parents, son frère, un ami en train de disparaître. Jean-Marc Roberts, écrivain, son éditeur et ami profondément aimé, décède en 2013 d’un cancer ; l’écriture est alors le seul moyen d’achever une discussion commencée il y a fort longtemps, d’accepter la fin. De fil en aiguille l’auteur nous amène inévitablement dans la Grèce d’aujourd’hui pour faire parler la terre et ses habitants, montrer un désastre et la prophétie d’une souffrance qui reste à venir. La société est minée par la crise, les rapports humains et la condition même de l’humanité sont remis en cause. Dans ce récit, Alexakis scrute sa relation à son pays d’origine. C’est en parlant de son peuple et son pays qu’il retrouve les mots. La disparition est aussi l’occasion de parler du temps qui passe, de la vieillesse et de la maladie qui se rapprochent inexorablement. Ce livre est d’une grande vivacité, et fait preuve, malgré la mélancolie qui y règne, d’une infinie tendresse.