Vox populi : une histoire du vote avant le suffrage universel Olivier Christin
Résumé
L'élection n'a pas toujours été tenue pour le moyen le équitable, le plus efficace et le plus transparent de distribuer les charges et les honneurs publics et de désigner ceux qui devaient contribuer à la fabrication de la loi. Le vote individuel et en conscience, dont la confidentialité et la fiabilité sont garanties par des dispositifs et des objets concrets (les bulletins secrets, les urnes, les isoloirs), n'a souvent pas été davantage considéré comme la meilleure façon de prendre une décision en commun sur les affaires importantes telles que les impôts, la religion ou la science. Longtemps, d'autres systèmes ont joui d'un prestige égal sinon supérieur, qu'il s'agisse du tirage au sort, de l'hérédité, de la cooptation, de l'acclamation ou de l'appel à l'Esprit saint. Votes et élections existaient pourtant, dans d'innombrables lieux et institutions : les villes et les villages, les ordres religieux et les conclaves - où agissait justement l'Esprit saint -, les universités et les académies. Mais ils servaient d'autres fins que la recherche de la solution optimale, la sélection des meilleurs représentants et la juste répartition des charges : la reproduction sociale des élites, par exemple, la construction de la hiérarchie des rangs et des statuts, la protection de certains monopoles professionnels ou encore la défense de l'orthodoxie religieuse... Ils n'avaient finalement pas grand-chose à voir avec l'idée que nous nous faisons de la démocratie et de la place que les procédures électives doivent y tenir. C'est à reconstruire cette longue histoire du vote avant les révolutions du XVIIIe siècle et la naissance des systèmes représentatifs modernes que s'attache ce livre. En rejetant, à partir d'études de cas vivantes et précises, l'idée d'un progrès linéaire du choix rationnel et des institutions représentatives depuis la fin du Moyen Age jusqu'aux révolutions démocratiques, Olivier Christin porte au jour les enjeux des débats qui ont actuellement pour objet la critique de la décision majoritaire et de la démocratie représentative.
- Auteur :
- Christin, Olivier (1961-....)
- Éditeur :
- [Paris], Seuil, DL 2014
- Collection :
- Collection Liber
- Genre :
- Essai
- Langue :
- français.
- Note :
- Bibliogr. p. 449-463. Index
- Mots-clés :
- Description du livre original :
- 1 vol. (277 p.) : ill. ; 22 cm
- ISBN :
- 9782020629485.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- Introduction
- Notes
- DES RÉPUBLIQUES SANS DÉMOCRATIE ?
- I. Élections confisquées ?
- II. « Conserver les antiques libertés publiques » : une culture de la Res Publica ?
- III. Brigues, cabales et affections
- V. Donner son suffrage
- VII. La double élection du magistrat
- Notes
- SOCIÉTÉS ÉLECTIVES
- I. Mutualité spirituelle et décision collective : l’expérience confraternelle
- II. Les « vestiges de la liberté académique » ? L’univers corporatiste des universités et la pratique des élections
- III. Le corps et ses parties : la dynamique des conflits électoraux universitaires
- IV. L’élection et la sélection
- V. Homo Academicus
- Notes
- CHOIX DES HOMMES ET VOLONTÉ DE DIEU
- I. Voter pour Dieu
- II. Comment devenir évêque ou abbé ?
- III. Compter, peser, juger : la mesure de la décision juste
- IV. Cîteaux, un ordre en désordre
- V. Majorité à la carte
- VI. Les acteurs naturels et surnaturels des conclaves
- VII. Hommes sans qualités ou stratégies électorales ?
- Notes
- REPRÉSENTATION JURIDIQUE ET REPRÉSENTATION POLITIQUE
- I. La carte et la salle
- II. Princes et experts
- III. Décider dans le Theatrum Præcedentiæ
- IV. D’une représentation à l’autre
- Notes
- Conclusion
- Notes
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