Des larmes : essai Anne Lécu

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Résumé

En ces temps où la transparence est élevée à hauteur d'absolu, les larmes viennent troubler le regard, mettre du flou et de la profondeur. Insaisissables, feu et eau, elles débordent et déroutent. Elles ne cessent de déployer leur oeuvre de brouillage, de troubler le contour des phénomènes, de faire douter de la limite entre le dedans et le dehors. Qui s'y arrête s'attarde finalement à sa propre finitude et l'interroge, intrigué d'être à soi-même une énigme. Que peut-on percevoir à travers elles qui ne se verrait pas sans elles ? De quoi lavent-elles nos yeux ? De quoi nous délivrent-elles ? Qu'ont-elles à dire de l'homme ? Les larmes s'échappent dès lors que l'on tente de les systématiser, de les ordonner, de les contraindre. Elles ont un pouvoir subversif incontestable - et les mystiques l'avaient compris, d'où leur tentation toujours présente de les contrôler, de les expliquer, de les assécher. Quand il est partagé, l'instant des larmes suspend le temps, il devient présence. La suspension des larmes est aussi la manifestation de la déchirure et la possibilité de l'habiter. Ce texte n'est pas un traité, mais plutôt une sorte de vagabondage qui voudrait encourager les personnes qui pleurent et qui en ont honte, ou encore celles qui s'interrogent sur ce qui leur arrive quand elles sont saisies par leurs larmes. Cette méditation reste ouverte, inachevée. Les larmes ont une lumière d'infini, elles indiquent un ailleurs. Elles se perdent et emmènent avec elles leur mystère. En exprimant l'inexprimable, en disant l'insupportable, elles aident à le vivre. Elles portent l'impossible jusque dans la joie. quand la grandeur de l'homme, découverte au creux de sa misère, pourrait le faire vaciller. Elles touchent à la transcendance, et ce n'est pas le moindre de leur mystère.

Auteur :

Lécu, Anne (1967-....)

Éditeur :

Paris, les Éd. du Cerf, 2012

Collection :

Épiphanie

Genre :

Essai

Langue :

français.

Mots-clés :

Nom commun :: Pleurs -- Philosophie

Description du livre original :

1 vol. (152 p.) : couv. ill. en coul. ; 20 cm

ISBN :

9782204097932.

Domaine public :

Non

Table des matières

Introduction
Première partie. Ils ont des yeux et ne voient pas
- Vraies et fausses larmes
  - Il existe de fausses larmes.
  - Parler de larmes plutôt que de pleurs.
    - Une gamme qui va de la tristesse à la joie.
    - Une éloquence des larmes ?
- Le malheur des yeux secs
  - D'une certaine méfiance à une franche hostilité.
    - Les larmes inquiètent ou déstabilisent.
    - Pleurer est-il une faiblesse ?
    - Ne pas pleurer est-il un progrès ?
  - Le contexte actuel : une modernité aux yeux secs ?
    - L'espace social est dominé par la vue.
    - La pensée utilitariste.
    - Conséquences de l'utilitarisme contemporain.
  - Le malheur de ne pas pleurer.
  - « À quoi bon ? »
    - L'acédie, une tristesse qui s'ignore elle-même.
    - Les larmes, signes d'un réveil.
Deuxième partie. À la recherche des larmes perdues
- L'explication des larmes
  - L'Antiquité : les fluides de la vie. Les larmes et la vie.
    - Les larmes coulent comme coulent les jours et le temps.
    - Hippocrate et Galien.
  - Tentatives de description à l'époque moderne.
    - Les larmes, ce « sang de l'âme ».
    - La texture des larmes.
      - Des larmes tendues aux larmes détendues
      - Des larmes de rétrécissement aux larmes de dilatation
  - L'analyse des larmes par la physiologie contemporaine.
  - Les larmes, cette vapeur, mélange impossible d'eau et de feu.
- L'accueil des larmes comme un don
  - Le réveil des larmes.
  - Héros bibliques en larmes.
    - David, le roi (messie) qui pleure.
    - Marie Madeleine, ou l'unicité des larmes.
    - Les larmes de Jésus, un fleuve de vie.
      - Jérusalem
      - Lazare
      - Gethsémani
  - Le don des larmes.
    - Naissance du don des larmes.
    - Les larmes sont une instance critique, une échappée.
  - Il existe différents types de larmes.
    - Les larmes de purification transforment le regard.
    - Les larmes d'illumination lavent les yeux et réveillent le cœur.
    - Les larmes d'union font comprendre que connaître c'est aimer.
  - Toujours, les larmes échappent.
    - L'ambivalence des larmes.
    - Le pouvoir subversif des larmes.
- La représentation des larmes
  - Les larmes s'adressent à quelqu'un.
  - Autobiographies et mises en scène de soi.
    - Augustin : une conversion irriguée de larmes.
    - Ignace de Loyola : l'exploration des mouvements de l'âme.
    - Rousseau : la nostalgie d'une innocence à jamais perdue.
    - D'où vient la contagion des larmes dans la mise en scène de soi ?
  - Transfusion de larmes...
    - La contagion des larmes vient-elle de la sympathie ?
      - La sympathie n'est pas d'abord une souffrance commune
      - Ni une contagion affective
      - Ni une fusion affective
      - Mais la présence de l'un à l'autre
    - Qu'est-ce qu'être présent à autrui ?
Troisième partie. « Quand les yeux pleurent, les larmes voient »
- Des larmes déchirantes
  - L'être humain est déchiré.
    - Déchiré entre celui qu'il voudrait être et celui qu'il est.
    - Déchiré entre le corps qu'il a et le corps qu'il est.
  - Penser la déchirure.
    - Le « fond intime étranger ».
    - La « position excentrique » de l'homme.
    - Entre présence et absence, l'« espace potentiel ».
  - Panser la déchirure.
    - Les larmes permettent d'habiter la déchirure.
    - Une présence « supportante » qui ne craint pas la finitude.
- Des larmes subversives
  - Le temps déchire et il est déchiré.
    - La douleur naît de l'irréversibilité du temps.
    - Les larmes suspendent le temps.
    - Les larmes et la musique.
    - Douleur ou douceur de la déchirure ?
  - « Bienheureux ceux qui pleurent, ils seront consolés. »
    - Au-delà du jugement et de la connaissance.
    - Une porte ouverte sur l'éternité.
    - Comme une eau douce.
- Larmes mystérieuses
  - Les yeux voilés de larmes.
  - La dictature de la transparence, une folie.
    - L'Homme au sable, le danger de la folie scopique.
    - « Qui ne pleure pas ne voit pas. » Voir l'invisible.
  - Savoir ou ne pas savoir ?
    - Les yeux voilés : une autre connaissance ?
    - Le mystère, la source des larmes, c'est « l'ineffable ».
  - Le secret.
    - Les larmes et le secret.
    - La vérité n'est pas l'exactitude.
    - Le secret est gardien du mystère de l'être.
Conclusion. Joie, joie, joie, pleurs de joie !

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