Nietzsche Emmanuel Salanskis
Résumé
L'oeuvre de Nietzsche ne se présente pas comme un système qui permettrait une catégorisation simple dans un champ disciplinaire existant. Professeur de philologie classique à l'Université de Bâle, Nietzsche a renoncé à sa chaire universitaire pour devenir un philosophe itinérant et un "esprit libre". C'est l'époque où il rompt avec ses anciens mentors : Arthur Schopenhauer, son maître en philosophie, et Richard Wagner, ce "mystagogue dans les secrets de l'art et de la vie" dont il avait salué le projet culturel dans La Naissance de la tragédie (1872). Nietzsche se méfiera dorénavant de toutes les convictions et de toutes les vérités définitives. Sa philosophie sera une constante expérimentation, nourrie d'innombrables lectures qui forment quasiment un panorama de l'histoire de la culture humaine : des Grecs à la théorie de l'évolution darwinienne, de la cosmologie thermodynamique à l'anthropologie évolutionniste, en passant par l'histoire du christianisme et des religions extra européennes. On assiste chez Nietzsche à une multiplication indéfinie des perspectives, au fil d'écrits aphoristiques qui ne livrent jamais leur dernier mot. Une problématique essentielle se dessine cependant à travers ces multiples expérimentations : c'est celle d'une philosophie de la culture, qui aspire à "élever" l'homme - tant au sens d'un élevage zoologique que d'une élévation de valeur - pour en faire un être plus épanoui et plus puissant qu'il ne l'a été jusqu'à présent sous l'emprise des valeurs judéo chrétiennes. Nietzsche propose ainsi une véritable "transvaluation de toutes les valeurs", qui se veut tout autre chose qu'un retour à la barbarie des origines. L'auteur d'Ainsi parlait Zarathoustra a conscience, ce faisant, de s'affirmer comme un philosophe dangereux. Mais il pense que la création est fondamentalement indissociable de la destruction, voyant dans cette idée le secret du "dionysiaque" et donc de la tragédie grecque. Les postérités de l'oeuvre de Nietzsche confirment son caractère à la fois dangereux et fécond. On ne saurait passer sous silence l'appropriation nazie, qui oblige à s'interroger sur ce qui, chez Nietzsche, pouvait prêter le flanc à un tel détournement. Mais pour autant, il serait injuste de réduire Nietzsche à cette tragique caricature, alors qu'il a trouvé en Heidegger, Deleuze ou encore Foucault des lecteurs bien plus dignes de lui.
- Auteur :
- Salanskis, Emmanuel
- Éditeur :
- Paris, les Belles lettres, 2015
- Collection :
- Figures du savoir
- Genre :
- Essai
- Langue :
- français.
- Note :
- Bibliogr. p. 255-264. Index
- Mots-clés :
-
- Nom de personne :
- Nietzsche Friedrich 1844-1900 -- Critique et interprétation
- Description du livre original :
- 1 vol. (274 p.) ; 19 cm
- ISBN :
- 9782251760827.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- Remerciements
- Repères chronologiques
- Liste des abréviations
- Avertissement
- La problématique culturelle de Nietzsche
- Un auteur non doctrinal
- Un « penseur de problème »
- Les commencements de la réflexion philosophique de Nietzsche
- La découverte de Schopenhauer : le « problème de l’existence »
- Friedrich-Albert Lange, ou la philosophie comme « poésie conceptuelle »
- La Naissance de la tragédie : la philologie au service d’une métaphysique de l’art
- L’apollinien et le dionysiaque
- La justification de l’existence en tant que phénomène esthétique
- La naissance de la tragédie à partir de l’émotion dionysiaque
- La posture du contempteur de la culture allemande
- L’idéal philologique de la « formation classique »
- L’impératif de mettre l’histoire au service de la vie
- La crise de l’idéalisme esthétique nietzschéen face à « l’effroyable conséquence du darwinisme »
- La rupture avec Wagner
- Bayreuth, ou l’échec d’une alliance
- L’idéal gèle : la réinvention de Nietzsche au lendemain de Bayreuth
- La « philosophie historique » d’Humain, trop humain
- Une nouvelle manière de philosopher
- L’antiquité de l’homme et ses conséquences
- Se libérer de l’« humain, trop humain » ?
- Lire un « livre d’aphorismes »
- D’Aurore à la Généalogie de la morale : l’histoire morale de l’humanité
- Les morales comme erreurs incorporées
- Deux grands héritages moraux
- Le concept de moralité des mœurs
- La généalogie* de la morale judéo-chrétienne
- La mort de Dieu et l’éternel retour
- « Dieu est mort » : la menace nihiliste*
- La doctrine de l’éternel retour, instrument de la transvaluation des valeurs
- Au prisme de la volonté de puissance : élevage, surhumain et dernier homme
- L’hypothèse de la volonté de puissance
- Entre surhumain et dernier homme : promesses et dangers de la volonté de puissance
- Freud et les premières réceptions psychanalytiques
- L’appropriation nazie, avec une apostille sur la lecture de Heidegger
- Apostille sur le Nietzsche de Heidegger
- Le « Nietzsche français » des années 1960 et 1970
- Gilles Deleuze : la promotion d’un Nietzsche généalogiste
- Jacques Derrida : généalogie et déconstruction
- Apollinien / dionysiaque
- Amor fati
- Axiologie, valeur, évaluation
- Culture, culturel
- Darwinisme, révolution darwinienne
- Élevage, élever
- Éternel retour de l’identique
- Eugénisme
- Généalogie de la morale
- Grande politique
- Instincts, pulsions
- Lamarckien, lamarckisme
- Moralité des mœurs
- Nihilisme
- Perspectivisme
- Philologie
- Surhumain
- Transvaluation de toutes les valeurs
- Valeur
- Volonté de puissance
- Notices biographiques
- Burckhardt, Jacob (1818-1897)
- Darwin, Charles (1809-1882)
- Deleuze, Gilles (1925-1995)
- Derrida, Jacques (1930-2004)
- Foucault, Michel (1926-1984)
- Freud, Sigmund (1856-1939)
- Heidegger, Martin (1889-1976)
- Lamarck, Jean-Baptiste de (1744-1829)
- Lange, Friedrich-Albert (1828-1875)
- Lubbock, John (1834-1913)
- Rée, Paul (1849-1901)
- Schopenhauer, Arthur (1788-1860)
- Wagner, Richard (1813-1883)
- Zoroastre (?)
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