Ceux qui restent Benoît Coquard
Résumé
Qui sont ces hommes et ces femmes qui continuent d’habiter dans les campagnes en déclin ? Certains y fantasment le « vrai » peuple de la « France oubliée », d’autres y projettent leur dégoût des prétendus « beaufs » racistes et ignorants. Mais « ceux qui restent » se préoccupent peu de ces clichés éculés. Comment vit-on réellement dans des zones dont on ne parle d’ordinaire que pour leur vote Rassemblement national ou, plus récemment, à l’occasion du mouvement des Gilets jaunes ? Parmi les nouvelles générations, ils sont nombreux à rejoindre les villes pour les études, puis il y a ceux qui restent, souvent parce qu’ils n’ont pas les ressources nécessaires pour partir. Ceux-là tiennent néanmoins à ce mode de vie rural et populaire dans lequel « tout le monde se connaît » et où ils peuvent être socialement reconnus. Comment perçoivent-ils alors la société qui les entoure ? À qui se sentent-ils opposés ou alliés ? À partir d’une enquête immersive de plusieurs années dans la région Grand-Est, Benoît Coquard plonge dans la vie quotidienne de jeunes femmes et hommes ouvriers, employés, chômeurs qui font la part belle à l’amitié et au travail, et qui accordent une importance particulière à l’entretien d’une « bonne réputation ». À rebours des idées reçues, ce livre montre comment, malgré la lente disparition des services publics, des usines, des associations et des cafés, malgré le chômage qui sévit, des consciences collectives persistent, mais sous des formes fragilisées et conflictuelles. L’enquête de Benoît Coquard en restitue la complexité.
- Auteur :
- Coquard, Benoît
- Éditeur :
- Paris, La découverte, 2019
- Genre :
- Essai
- Langue :
- français.
- Description du livre original :
- 1 vol. (280 p.)
- ISBN :
- 9782348044472.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- Introduction
- Une enquête par immersion
- Là où l’on existe
- Avant les Gilets jaunes
- Ceux qui partent et ceux qui restent
- Le « déjà, nous » des « bandes de potes »
- 1 La partie fluorescente de l’iceberg
- « Sauver l’honneur »
- L’irruption de la France populaire
- Des affinités transclasses
- L’expérience du mépris
- 2 « C’était mieux avant »
- Les « bonnes années » des parents :
le sentiment d’une autonomie perdue - Une nostalgie masculine
- Hériter du rang
- Maintenir les hiérarchies
- Le regret d’une sociabilité plus intense
- Le bal désert
- Un sentiment d’entrave
- « Un homme qui ne travaille pas ne vaut rien »
- Chez les femmes, le poids du passé
- La peur de ressasser un passé honteux chez les plus précaires
- Les « bonnes années » des parents :
- 3 De « ceux qui partent » à « ceux qui restent » : la fabrique de la sédentarité
- Des classes populaires qui ne s’en remettent pas à l’école
- Un cas rare d’adhésion aux études supérieures…
- … et ses paradoxes
- Dispersion géographique et distinction sociale
- Normes scolaires versus normes locales
- Le cas des étudiantes rurales : entre isolement et rancune
- Dimitri : « seconde chance » et « nouveau départ »
- Les jeunes issus des bourgeoisies locales :
des marginaux dans l’ordre social local
- Une autochtonie de la précarité
- Se sentir « grillé »
- « Les cacailles de la place des perdus »
- Des classes populaires qui ne s’en remettent pas à l’école
- 4 Les « ailleurs » possibles et impossibles
- L’eldorado suisse
- Militaires, pompiers de Paris : les voies nationales de l’honorabilité locale
- « Paris ? Jamais de la vie ! »
- L’insécurité au village
- Un petit monde en conflit, mais un monde à soi
- 5 « Chez les uns les autres »
- La fin des bistrots
- La peur de la « sale réputation »
- L’ambivalence du repli sur le foyer
- Un entre-soi concurrentiel
- Au foyer des sociabilités populaires
- Du foyer conjugal au foyer amical
- Le rôle social du pastis
- Des « pièces rapportées »
- Le foyer des hommes
- Une sociabilité de couples stables et inégalitaires
- 6 L’économie amicale, entre solidarité des collectifs et renforcement des inégalités
- Des hommes qui ont le « beau rôle »
- Devenir des hommes, devenir une femme
- Apprendre à être « un vrai pote sur qui compter »
- Donner de son temps
- Ne pas faire le rabat-joie
- Une disponibilité conjugale
- L’entre-soi amical : une contre-société
- L’entretien de marges d’autonomie
- Une petite entreprise
- 7 « Déjà, nous » : une conscience politique du nécessaire
- Du « eux/nous » au « déjà, nous » :
un glissement des classes populaires - Ne pas « être des bisounours »
- Tensions amicales et affinité interclassiste
- Une assurance en temps de précarité
- Le « déjà, nous » d’une affinité politique
- « Lui, il est comme nous » : la tension autour du racisme
- Du « eux/nous » au « déjà, nous » :
- Conclusion
Un espace relégué,
mais un espace d’autonomie…- Dans l’escarcelle de l’extrême droite ?
- Vers un « Trump français » ?
- Remerciements
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