Rompre Yann Moix
Résumé
Avec ce roman, Yann Moix revient à son thème de prédilection : l'amour (et ses dépendances : la jalousie, la haine, la rivalité, la séduction, l'addiction, etc...) Et son livre prend la forme d'un dialogue imaginaire (à la manière du Neveu de Rameau de Diderot, ou de L'idée fixe de Paul Valéry) où Yann Moix bavarde, à la terrasse d'un café, avec un ami qui tente de le consoler à la suite de sa dernière déconvenue amoureuse... Dans un roman précédent, l'auteur avait choisi, comme incipit : "Ce que les femmes préfèrent, chez moi, c'est me quitter"... L'inverse eut été plus exact car, dans ce livre - précisément intitulé "Rompre" -, le narrateur confesse qu'il ne peut s'empêcher de mettre un terme très prématuré à chacune de ses aventures, de les "rompre" tant il craint d'aimer et d'être aimé... Evidemment, cette disposition mentale vient de loin : de l'enfance, de douleurs enfouis, d'humiliations passées... Mais tout, ici, prend un aspect drolatique et fort peu psychanalytique. Dans ce dialogue, la "rupture" sert ainsi de prétexte à une variation sur la solitude, sur la jalousie, sur l'enfer narcissique, sur la violence amoureuse. Chaque fois, formules et aphorismes fusent sous la plume moixienne. L'écrivain se reproche, au fond, de ne pas savoir aimer - les femmes, bien sûr, mais aussi, et surtout, lui-même. Et c'est sur cette note tenue qu'il compose ce "journal d'un séducteur-destructeur" .
- Auteur :
- Moix, Yann
- Éditeur :
- Paris, Grasset, 2019
- Genre :
- Roman
- Langue :
- français.
- Description du livre original :
- 1 vol. (108 p.)
- ISBN :
- 9782246863571.
- Domaine public :
- Non
Table des matières
- AVERTISSEMENT
-
- Ça n’a pas l’air d’aller.
- Vous êtes très malheureux ?
- J’en suis navré.
- Voulez-vous que nous remettions cet entretien ?
- Cette rupture est-elle advenue ces jours-ci ?
- Que s’est-il passé, au juste ?
- Mais de quoi la remplissent-ils ?
- Vous avez donc pris vos bagages et êtes rentré à Paris ?
- Vous ne réalisiez pas que, laissant Emmanuelle toute seule sur cette île, vous alliez la perdre à tout jamais ?
- Vous n’avez pas pensé à revenir sur vos pas ?
- N’avez-vous pas essayé de réparer les choses ?
- Vous êtes justement dans ce piteux état à cause de la solitude… N’est-ce pas paradoxal ?
- Il y a tout de même, excusez-moi, des gens qui sont en couple et qui s’aiment ; et des gens qui s’aiment et qui sont en couple…
- La reconquête d’Emmanuelle n’a rien donné ?
- Et elle, de son côté ? Vous ne parlez que de vous. Jamais d’elle. De sa souffrance. Du traumatisme d’être plaquée là-bas, dans une chambre faite pour deux.
- C’est-à-dire ? Je ne comprends pas.
- Vous rompez souvent ?
- Au vu de votre état actuel, regrettez-vous d’avoir rencontré Emmanuelle ?
- Dans votre cas, les années furent-elles belles ?
- Vous n’habitez plus le présent. C’est mortifère.
- Hélas, la machine à remonter le temps n’existe pas encore.
- Donc, vous vivez bel et bien dans le passé.
- Que faites-vous quand vous êtes au comble de la souffrance ?
- Mais c’est vous qui êtes parti !
- Pourquoi ne vous tournez-vous pas vers l’avenir ?
- C’est terrible. Vous n’êtes finalement jamais tranquille. Vous êtes acculé de toutes parts…
- C’est très présomptueux que de le croire…
- Mythomanie, dites-vous. Vous avez des exemples ?
- Ne pas utiliser de stratagème, donc. Que faire ?
- Cela marche-t-il vraiment ?
- Pourquoi Emmanuelle n’a-t-elle pas succombé à votre tentative de « re-séduction » ?
- Vous l’aviez trompée ?
- Ironie du sort, l’incipit de votre premier roman était : « Ce que les femmes préfèrent chez moi, c’est me quitter. »
- Je vous trouve très vaniteux. Pourquoi la vie avec l’autre serait-elle sage et terne quand elle serait avec vous trépidante et gaie ? Si tel était le cas, Emmanuelle serait restée. Ou du moins aurait-elle essayé de revenir vers vous…
- Vous savez bien que votre chagrin passera…
- Vous connaissant, vous allez rebondir, vous passionner pour de nouveaux sujets…
- Heureux d’entendre ces paroles optimistes. Vous allez rencontrer quelqu’un d’autre. Vous le savez.
- Peu à peu, vous comprendrez que vous aviez exagéré vos sentiments – et votre souffrance…
- Vous situez-vous dans l’obsession de l’autre ? Du « nouvel élu » ?
- « Imposteur », « intrus »…
- Cet « autre », que vous ne connaissez pas, est en quelque sorte devenu votre pire ennemi…
- Vous n’êtes pas très malin. Il jouirait s’il vous entendait…
- Allez-vous écrire sur cette histoire ?
- Ne lui octroyez-vous pas trop d’importance, à ce bouffeur de quinoa spécialiste du grand écart ?
- Il est possible que vos classes de neige, effectivement, n’attisent que modérément sa curiosité.
- Encore Gide !
- Je dois admettre que non.
- Vous parvenez à lire en ce moment ?
- Êtes-vous violent ?
- Passons. Revenons à Noémie.
- Et ?
- Pouvons-nous revenir à Noémie ?
- Vous l’avez revue ?
- Et après elle ?
- Je ne comprends pas votre comportement.
- Vous n’avez jamais essayé la psychanalyse ?
- Alors que tout avait si bien commencé…
- Que Dieu garde les femmes de vous…
- Et le « tu » ?
- Quelle atroce vision de l’amour…
- Mais selon vous elle se trompe, n’est-ce pas ?
- Vous voyez tout en noir.
- Comment se déroule ce processus de destruction lente ?
- Comment vous sentez-vous, après une rupture ?
- Aimeriez-vous sortir de cette spirale ?
- Vous souffrez longtemps ?
- Ce que je n’aime pas, chez vous, je vous le dis franchement, c’est qu’on a l’impression à vous entendre que toutes les femmes de votre vie sont interchangeables.
- Pourquoi désirez-vous tellement cet enfer ?
- Vous en parlez dans vos romans…
- Ainsi, l’amour n’existait pas dans votre famille.
- Hélas…
- Les choses peuvent changer.
- Je suis étonné par votre masochisme. Si ce que vous révélez était un jour connu de tous, plus aucune femme ne viendrait vous donner quoi que ce soit.
- Êtes-vous sadique ?
- À laquelle vous ne croyez pas complètement…
- Emmanuelle est quand même en couple avec son professeur de yoga…
- Vous arrive-t-il de penser à « eux », à Emmanuelle et « son » yogi ?
- Tout est lamentablement calculé chez vous. C’est effrayant.
- Vous devez adorez La Chambre verte, de Truffaut…
- C’était trop tard…
- C’est vrai. J’ai moi-même déjà éprouvé ce sentiment.
- Vous allez si mal ?
- Lucide.
- Votre vie doit être horrible à vivre.
- Enfant, étiez-vous déjà ainsi ?
- Ensuite ?
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