Une histoire populaire de la France : de la guerre de Cent Ans à nos jours Gérard Noiriel

Résumé

« En 1841, dans son discours de réception à l'Académie française, Victor Hugo avait évoqué la ªpopulaceº pour désigner le peuple des quartiers pauvres de Paris. Vinçard ayant vigoureusement protesté dans un article de La Ruche populaire, Hugo fut très embarrassé. Il prit conscience à ce moment-là qu'il avait des lecteurs dans les milieux populaires et que ceux-ci se sentaient humiliés par son vocabulaire dévalorisant. Progressivement le mot ªmisérableº, qu'il utilisait au début de ses romans pour décrire les criminels, changea de sens et désigna le petit peuple des malheureux. Le même glissement de sens se retrouve dans Les Mystères de Paris d'Eugène Sue. Grâce au courrier volumineux que lui adressèrent ses lecteurs des classes populaires, Eugène Sue découvrit les réalités du monde social qu'il évoquait dans son roman. L'ancien légitimiste se transforma ainsi en porte-parole des milieux populaires. Le petit peuple de Paris cessa alors d'être décrit comme une race pour devenir une classe sociale. » La France, c'est ici l'ensemble des territoires (colonies comprises) qui ont été placés, à un moment ou un autre, sous la coupe de l'État français. Dans cette somme, l'auteur a voulu éclairer la place et le rôle du peuple dans tous les grands événements et les grandes luttes qui ont scandé son histoire depuis la fin du Moyen Âge : les guerres, l'affirmation de l'État, les révoltes et les révolutions, les mutations économiques et les crises, l'esclavage et la colonisation, les migrations, les questions sociale et nationale.

Auteur :
Noiriel, Gérard (1950-....)
Éditeur :
Marseille, Agone,
Collection :
Mémoires sociales
Genre :
Essai
Langue :
français.
Note :
Bibliogr. p. 751-779. Index
Mots-clés :
Nom commun :
Classes populaires -- France -- Histoire
Nom géographique :
France -- Histoire
Description du livre original :
1 vol. (829 p.) ; 21 cm
ISBN :
9782748903010.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • Avant-propos
  • I. Pourquoi Jeanne d’Arc, malgré tout ?
    • Nos ancêtres furent des migrants
    • L’esclavage fut pendant près de mille ans la forme dominante d’exploitation des classes populaires en Europe
    • La féodalité s’imposa à partir du XIe siècle comme un nouveau mode de domination de l’homme par l’homme
    • Les seigneurs de l’Île-de-France imposèrent progressivement leur domination
      sur un vaste territoire qui devint le royaume capétien
    • La guerre de Cent Ans mit en péril la construction de l’État capétien
    • La crise transforma les représentations dominantes de la pauvreté
    • C’est la naissance de l’impôt royal qui fabriqua le peuple français
      en tant que communauté d’individus assujettis à l’État
    • L’épopée de Jeanne d’Arc montra ce qui arrive au peuple quand il se porte au secours des puissants
  • II. Dire sa souffrance au nom de Dieu
    • La redécouverte de l’imprimerie par les Européens fut le point de départ d’une révolution de la communication à distance dont profita la Réforme
    • En Alsace, les paysans et les artisans s’approprièrent la critique luthérienne pour combattre l’exploitation dont ils étaient victimes
    • En France, le pouvoir royal réussit, dans un premier temps, à réprimer efficacement les dissidences religieuses
    • La politisation de la question religieuse et ses effets sur les classes populaires
    • Le peuple français accepta finalement de se soumettre au pouvoir souverain de l’État royal pour mettre fin aux atrocités de la guerre civile
  • III. Dans l’ombre de Jupiter
    • Le cardinal de Richelieu imposa la « raison d’État » à tous les Français
    • Les classes populaires se révoltèrent massivement contre le tour de vis fiscal
    • La Fronde fut la dernière tentative des aristocrates pour échapper à la souveraineté de l’État royal
    • La monarchie administrative s’imposa grâce à Colbert
    • L’invention de la « société de cour » permit à Louis XIV d’imposer son pouvoir sur la noblesse et la grande bourgeoisie
    • C’est la surexploitation des classes populaires qui permit à Louis XIV de se prendre pour le « Roi Soleil »
  • IV. Codes noirs
    • Le pouvoir colonial tenta d’abord d’imposer une condition servile à des travailleurs pauvres recrutés en métropole
    • Avec le développement de la traite atlantique, l’esclavage devint la forme extrême de l’exploitation des classes populaires
    • La domination coloniale donna progressivement naissance à une nouvelle classe de travailleurs
    • La catégorisation de la couleur de peau fut un moyen de renforcer la domination de l’élite coloniale
    • Les résistances collectives des « nègres marrons » obligèrent le pouvoir colonial à perfectionner l’art de gouverner les esclaves
    • Dès le xviiie siècle, plusieurs milliers d’esclaves émigrèrent en métropole et se fondirent dans la population française
  • V. Liberté, quand tu nous tiens…
    • Les « fils invisibles » du capitalisme
    • L’identification des personnes s’imposa peu à peu comme une nouvelle relation de pouvoir
    • La sociabilité populaire fut un obstacle qui entrava le développement de la domination à distance
    • Dans les années 1750-1760, l’émergence d’un nouvel « espace public » bouleversa la position du peuple sur la scène politique
    • L’émancipation des classes populaires : un processus contradictoire
    • La « guerre des farines » fut le premier grand combat collectif contre le libéralisme
  • VI. L’invention de la citoyenneté
    • Doléances populaires
    • L’apprentissage de la démocratie par le bas
    • Vers la République
    • Robespierre et la sacralisation du peuple souverain
    • Mourir pour la patrie
  • VII. Chapeau bas devant la casquette
    • « Vivre en travaillant, mourir en combattant »
    • La découverte du prolétariat
    • Un monde sans protection
    • En France, la classe cultivée ne s’intéressa que tardivement au principe des nationalités
    • Le printemps des travailleurs
  • VIII. Les usines à la campagne !
    • Les paysans sont-ils des hommes comme les autres ?
    • La pluri-activité : un compromis de classe
    • Des relations de pouvoir fondées sur le modèle domestique
    • Le tournant libéral des années 1860
    • Le retour de la classe ouvrière
  • IX. La nationalisation de la société française
    • La Commune de Paris ou L’ultime sursaut de la citoyenneté par les armes
    • L’intégration des classes populaires au sein de l’État républicain
    • La fait-diversion de l’actualité
    • Une crise de civilisation
    • La protection nationale comme solution de la « question sociale »
  • X. « Le devoir de la race »
    • La conquête de l’Algérie
    • Le tournant de 1885
    • La fabrication des « indigènes »
    • Les voies diverses de la résistance
  • XI. La guerre plutôt que la révolution
    • Genèse d’une nouvelle identité ouvrière
    • Genèse et enjeux de l’affaire Dreyfus
    • La bipolarisation de la vie politique française : la droite nationale-sécuritaire contre la gauche sociale-humanitaire
    • Le premier tournant sécuritaire de la IIIe République
    • Le fatal engrenage
  • XII. Classe contre classe
    • « Bleu horizon »
    • La fabrication silencieuse d’un nouveau prolétariat
    • La crise des années 1930
    • La radicalisation des droites
    • La crise des années 1930 contribua aussi à exacerber les contradictions de l’empire colonial
    • La parenthèse du Front populaire
    • La politisation des origines comme réponse à la lutte des classes
  • XIII. Le peuple « indésirable »
    • La conception républicaine de l’assimilation des étrangers
    • « La revanche des patrons »
    • Traquer les « indésirables »
    • La Charte du travail
    • Le basculement de 1942
    • Les voies multiples de la Résistance
  • XIV. Le droit d’avoir des droits
    • La mise en place du compromis keynésien
    • Les séquelles de Vichy
    • L’intensification de la lutte des classes pendant la guerre froide
    • La génération singulière
    • La décolonisation de gré ou de force
    • La parenthèse (vite refermée) d’une France multinationale
  • XV. « On a raison de se révolter »
    • Une société bouleversée
    • Balance ton corps
    • Les événements de mai-juin 1968
    • L’émergence des « nouveaux mouvements sociaux »
    • Comment reprendre d’une main ce qu’on a concédé de l’autre ?
  • XVI. La dernière nuit des prolétaires
    • La mondialisation des échanges et l’extension des chaînes d’interdépendance
    • Le travail en crise
    • Quand la gauche se replie sur la politisation des origines
    • Naissance d’une démocratie sécuritaire
    • Changer le nom du peuple à défaut de le dissoudre
  • Conclusion. De quel avenir Emmanuel Macron est-il le nom ?
    • Un usage public de l’histoire au service du libéralisme
    • Premier bilan
    • « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous » ?
  • Bibliographie
    • Introduction
    • I. Pourquoi Jeanne d’Arc, malgré tout ?
    • II. Dire sa souffrance au nom de dieu
    • III. Dans l’ombre de Jupiter
    • IV. Codes noirs
    • V. Liberté quand tu nous tiens
    • VI. L’invention de la citoyenneté
    • VII. Chapeau bas devant la casquette
    • VIII. Les usines à la campagne !
    • IX. La nationalisation de la société française
    • X. « Le devoir de la race »
    • XI. La guerre plutôt que la révolution
    • XII. Classe contre classe
    • XIII. Le peuple « indésirable »
    • XIV. Le droit d’avoir des droits
    • XV. « On a raison de se révolter »
    • XVI. La dernière nuit des prolétaires
    • Conclusion. De quel avenir Emmanuel Macron est-il le nom ?

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