Coup de cœur

La fin de la solitude est le premier roman de Benedict Wells traduit en français. C’est l’histoire de Jules, Marty et Liz qui, très jeunes, ont perdu leurs parents dans un accident de voiture. Le récit est empreint de tristesse et de nostalgie, mais le romancier ne sombre jamais dans le pathos. Il évoque le deuil et la perte d’êtres chers avec beaucoup de pudeur. Le roman débute par le récit de Jules. Il sort du coma et se souvient de son enfance, d’abord heureuse en famille puis assombrie au pensionnat où les orphelins se retrouvent après la mort de leurs parents. Les trois enfants vont peu à peu se perdre de vue et s’éloigner les uns des autres, et face à un profond sentiment de solitude chacun gérera le manque et affrontera les difficultés comme il peut. On les voit grandir, devenir adultes, tenter de se reconstruire et de renouer les liens fraternels mais leur enfance difficile est comme «un ennemi invisible», plus rien ne sera jamais comme avant. La jolie Alma, rencontrée au pensionnat et amie de cœur de Jules, tiendra une grande place dans sa vie mais devra elle aussi exorciser son passé. L’auteur interroge la mémoire et les souvenirs. Sont-ils toujours fidèles, sont-ils recréés, inventés pour mieux nous protéger ?‘La plongée sans voyeurisme dans l’intimité de cette famille et la sensibilité avec laquelle l’auteur a traité de thèmes difficiles donnent un récit très émouvant. Ce roman a été couronné par le prix de littérature européenne et il est resté longtemps en tête des ventes en Allemagne. (A.P.)