Logiques du fascisme : l'État totalitaire en Italie Jean-Yves Dormagen

Résumé

Le fascisme revendiquait avec fierté sa dimension " totalitaire " et proclamait ouvertement son ambition de " fasciser intégralement la société civile ". Il n'en est pas moins considéré, aujourd'hui, dans l'opinion et par la plupart des spécialistes, comme un banal régime autoritaire, s'étant révélé incapable de transformer en profondeur les attitudes et les pratiques sociales des Italiens. Il aurait manqué au fascisme un parti unique suffisamment puissant pour convertir l'ensemble de la population à la nouvelle religion politique des chemises noires. Le régime aurait également échoué à produire sa propre classe dirigeante. Enfin, l'absence de terreur se déployant sur une échelle de masse finirait de distinguer le fascisme du nazisme ou bien encore du stalinisme. C'est un autre regard que cet ouvrage entend porter sur le fascisme. En effet, l'étude des plus hauts cadres de l'Etat et l'analyse des archives du régime amène à contester cette interprétation dominante. Dès 1922, le mouvement fasciste entreprend la conquête de l'Etat, puis sa transformation progressive en un instrument adapté à l'exercice d'une domination totalitaire. Depuis les sommets de l'Etat jusqu'aux profondeurs de la société civile, l'ensemble des relations sociales se trouvent soumises à de nouvelles logiques. De nouvelles valeurs, de nouvelles normes, de nouvelles règles de comportements s'imposent à tous. C'est donc bien une dynamique totalitaire qui se manifeste par l'émergence d'un système de contrôle des hommes et de leurs comportements à vocation totale. Le régime fasciste apparaît ainsi comme le précurseur d'un " totalitarisme sans terreur " qui ne pratiquera pas le génocide ou le crime de masse, mais n'en sera pas moins capable d'engendrer une société de contrôle d'un genre nouveau.

Auteur :
Dormagen, Jean-Yves (1967-....)
Éditeur :
[Paris], Fayard,
Genre :
Essai
Langue :
français.
Note :
Notes bibliogr. Index
Mots-clés :
Nom commun :
Fascisme -- Italie
Nom géographique :
Italie -- Politique et gouvernement -- 1922-1945
Description du livre original :
1 vol. (460 p.) : couv. ill. en coul. ; 24 cm
ISBN :
9782213631592.
Domaine public :
Non
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Table des matières

  • INTRODUCTION
    • L'interprétation dominante du fascisme comme simple régime autoritaire
    • La dédifférenciation des espaces étatiques et partisans
    • Penser l'État contre les pensées d'État
    • Concevoir l'État comme une configuration d'acteurs
    • Étatisation et fascisation de la société
  • CHAPITRE PREMIER Fascisme et système des dépouillesdans le secteur public
    • Étatisation de la société et dédoublement administratif
    • La continuité de l'administration centrale
    • Le « système des dépouilles » dans les instituts et entreprises publiques
    • Des charges para-étatiques hautement politisées
  • CHAPITRE II Les hauts fonctionnaires
    de l'administration centrale
    dans la configuration étatique du fascisme
    • Les logiques sociales de la méridionalisation de l'administration centrale
    • Des carrières lentes et strictement internes
    • Logiques bureaucratiques et interférences politiques dans le déroulement des carrières : l'exemple du directeur général de la Caisse des dépôts
    • La clôture tendancielle de l'espace administratif central
  • CHAPITRE III De l'engagement dans le mouvement fasciste
    aux conseils d'administration
    du secteur parapublic
    • Le cursus honorum des cadres politiques du fascisme
    • Trois exemples de promotion sociale par le Parti fasciste : Italo Bresciani, Giuseppe Mastromattei et Ferruccio Lantini
    • L'hégémonie des chemises noires dans le comité permanent de l'INFAIL
  • CHAPITRE IV Champ politique
    et circulation des agents dans l'État
    • Le recrutement élitaire du Sénat
    • Les industriels dans la configuration politico-administrative fasciste
    • Parti unique et circulation des agents dans la configuration étatique fasciste
    • Cumul des charges et tendances oligarchiques au sommet de l'État fasciste
  • CHAPITRE V Les présidents de l'INA sous le fascisme
    • Guido Toja, un spécialiste des assurances sanctionné politiquement (1923-1925)
    • Salvatore Gatti : « normalisation » politique et affairisme dans l'INA (1925-1929)
    • Giuseppe Bevione : un client institutionnel du Duce (1929-1943)
  • CHAPITRE VI Étatisation de la sociétéet contrôle de la conformité politique
    • Le Parti fasciste comme instance de contrôle de la conformité politique
    • Patronage politique des emplois et clientélisme de partidans la fascisation du secteur public
    • Les « enti Beneduce » : une enclave dans le dispositif de l'État totalitaire ?
    • Préserver des formes d'autonomie dans le secteur économique public
    • Conformisme politique et respect des nouvelles règles fascistes dans le secteur économique public
  • CHAPITRE VII Le Duce
    dans la configuration étatique du fascisme
    • La domination charismatique du Duce sur l'état-major politico-administratif de l'Italie fasciste
    • Le Secrétariat particulier du Duce,
      une instance centrale de contrôle du secteur public
    • Bénéfices économiques et financement du mythe du Duce
  • CHAPITRE VIII Le secteur public
    entre les « chemises noires » de Salò
    et les partis antifascistes (1943-1945)
    • Deux gouvernements, deux états-majors parapublics
    • Les commissaires de la République sociale italienne
    • Les nouveaux commissaires issus des milieux antifascistes
    • L'INA entre 1943 et 1945
  • CHAPITRE IX L'épuration dans le secteur public
    • Une épuration de l'administration confiée à l'administration elle-même
    • Mise en conformité politique contre soutien politique
    • L'épuration dans le secteur parapublic
    • Comment échapper aux sanctions contre le fascisme :
      le cas exemplaire des présidents de l'INA
    • Le renouvellement complet des conseils d'administration du secteur parapublic
  • CHAPITRE X La puissante hérédité du fascisme (1946-1956)
    • La continuité du dispositif administratif hérité de la période fasciste
    • L'emprise maintenue des responsables politiques sur les plus hautes charges du secteur parapublic (1946-1956)
    • L'irréversible déclin des hauts fonctionnaires de l'administration centrale (1946-1956)
    • Les missi dominici des partis dans le secteur parapublic
    • Les présidents de l'INA au cours de la première décennie républicaine
    • Les logiques d'une spécialisation dans le secteur parapublic
  • ÉPILOGUE
    Les débuts de la lottizzazione de l'IRI (1956)
  • CONCLUSION
    Le fascisme italien, un totalitarisme ?
  • NOTES
    • INTRODUCTION
    • CHAPITRE PREMIER Fascisme et système des dépouilles dans le secteur public
    • CHAPITRE II Les hauts fonctionnaires de l'administration centrale dans la configuration étatique du fascisme
    • CHAPITRE III De l'engagement dans le mouvement fasciste aux conseils d'administration du secteur parapublic
    • CHAPITRE IV Champ politique et circulation des agents dans l'État
    • CHAPITRE V Les présidents de l'INA sous le fascisme
    • CHAPITRE VI Étatisation de la société et contrôle de la conformité politique
    • CHAPITRE VII Le Duce dans la configuration étatique du fascisme
    • CHAPITRE VIII Le secteur public entre les « chemises noires » de Salò et les partis antifascistes (1943-1945)
    • CHAPITRE IX L'épuration dans le secteur public
    • CHAPITRE X La puissante hérédité du fascisme (1946-1956)
    • ÉPILOGUE
      Les débuts de la lottizzazione de l'IRI (1956)
    • CONCLUSION
      Le fascisme italien, un totalitarisme ?
  • INDEX DES NOMS DE PERSONNES
  • REMERCIEMENTS

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