La chevalière de la mort [Précédé de Marie-Antoinette] Léon Bloy

Résumé

Léon Bloy livre une peinture effroyable de la tourmente révolutionnaire sans jamais tomber dans une mythologie simpliste qu'il méprise ouvertement : « On débitera longtemps encore des Famille royale au Temple, des Louis XVI et des Marie-Antoinette priant pour leurs bourreaux et des cordonniers Simon comme s'il en pleuvait. Tout cela conçu dans ce goût marécageux de pleurnichage faux et exécrable dont l'imagerie dévote paraît avoir le secret et qui découragerait même du vice, si d'aussi bêtes images en étaient manufacturées ». Foin des hagiographies ! Le roi déchu occupe une place singulière dans l'opuscule en question et les lignes qui lui sont consacrées ne témoignent pas d'une tendresse excessive. Les références à Louis XVI sont autant de cruautés, passablement injustes et propres à irriter les Français fidèles au souvenir capétien, émus par le sort funeste du souverain immolé par le brasier infernal de la Révolution. Il est cependant impossible de réprouver un sourire en lisant la prose puissante du pamphlétaire implacable, dont les évocations, parfois assorties de jugements politiques pertinents, recèlent indubitablement une part de vérité. « Louis XVI n'eut pas de maîtresses et c'est tout ce qu'on en peut dire. Il interrompit en ce point la tradition et fut ainsi le négociateur malheureux de la vertu sur le marché européen où cette banale valeur était généralement dépréciée. Mais le monde est ainsi fait qu'il se donne à ceux qui le méprisent, quand une force redoutable est derrière leur mépris, et Louis XVI qui n'était pas fort, ne méprisa jamais personne. (...) Appuyé sur le nuage fuyant des plus vaines espérances qui aient jamais habité la pulpe molle d'un cerveau philanthropique, il put entendre sans indignation les insolentes menaces des Parlements et les protestations funambulesques des deux Assemblées, assister en roi pacifique à l'égorgement de ses plus fidèles serviteurs, présider entre Talleyrand et Lafayette à la transcendante bouffonnerie de la Fédération, accepter d'un cœur attendri l'imbécile dénomination de Restaurateur de la Liberté, se coiffer du bonnet rouge et ne jamais désespérer du cœur des Français. » Au reste, Léon Bloy ne brocarde pas seulement l'indécision du roi dans le contexte révolutionnaire, il se penche sur l'Ancien Régime déclinant, celui de l'étiquette et des petits marquis, n'omet pas de mentionner l'énorme héritage de ce tyran à l'orientale que fut Louis XIV et qui pesa toujours sur les épaules de ses successeurs. Mais c'est le siècle des Lumières qui lui inspire assurément le plus légitime mépris : « La petitesse du XVIIIe siècle est entièrement originale et n'appartient qu'à lui. Qu'on le prenne où on voudra, dans ses mœurs ou dans ses arts, dans sa politique ou dans sa philosophie, on n'y trouvera pas le plus imperceptible relief de beauté ou de force humaine. C'est un aplatissement universel des âmes. (...) Ce fut une époque merveilleusement superficielle où il semble que tout le monde naissait avec le don de ne rien entendre aux choses supérieures. L'éducation morale de l'enfance et de la jeunesse est proprement un assassinat par l'intoxication des plus épouvantables dissolvants. Une espèce de paganisme mollasse se combine avec je ne sais quels détritus infects de Port-Royal. »

Auteur :
Bloy, Léon
Auteur :
Massignon, Louis (1883-1962)
Éditeur :
[Saint-Clément-la-Rivière], Fata Morgana,
Genre :
Roman historique
Langue :
français.
Description du livre original :
87 p : ill., couv. ill ; 23 cm
Domaine public :
Non

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