Confiteor : roman Jaume Cabré traduit du catalan par Edmond Raillard

Coup de cœur

Lu il y a déjà plus d’un an, ce livre laisse incontestablement une trace, des questions avec ou sans réponses, qui continuent à vous occuper. Pour ceux qui aiment les intrigues policières, un formidable réseau se tisse de page en page autour d’un violon prestigieux, désiré, joué par les plus grands, volé dans d’effroyables circonstances, et cause d’un meurtre final. Mais l’intérêt principal du livre n’est pas là, plutôt dans le personnage principal, surtout érudit , prodigieux, en toutes les langues anciennes, où il semble chercher un sésame pour vivre une vie pourtant on ne peut plus paisible dans une ville universitaire de Catalogne. Son grand œuvre se prépare à l’ombre de la silhouette du père, ombre fugitive, sujette à des disparitions inexpliquées, silhouette le plus souvent muette lorsqu’elle n’est pas violemment impérieuse. C’est aussi le curieux climat, fait de secrets, de peurs inavouées, étouffant l’étrange maison des protagonistes, qui retient la respiration du lecteur. Jaume Cabré met en place un système, d’abord déroutant par son étrangeté, de désignation des personnes, de situations des lieux et des temps, qui empruntent à la musique baroque les techniques du contrepoint et des échos. On s’y retrouve avec bonheur pour être de nouveau laissés en suspens par la maladie du protagoniste, qui l’empêchera sans doute de mettre au grand jour l’aveu final et fera disparaître avec lui toute trace de l’étrange aventure. Déception du lecteur ? Il lui revient de s’orienter dans le labyrinthe. (Simonne C.)

Résumé

Barcelone années cinquante, le jeune Adrià grandit dans un vaste appartement ombreux, entre un père qui veut faire de lui un humaniste polyglotte et une mère qui le destine à une carrière de violoniste virtuose. Brillant, solitaire et docile, le garçon essaie de satisfaire au mieux les ambitions démesurées dont il est dépositaire, jusqu'au jour où il entrevoit la provenance douteuse de la fortune familiale, issue d'un magasin d'antiquités extorquées sans vergogne. Un demi-siècle plus tard, juste avant que sa mémoire ne l'abandonne, Adrià tente de mettre en forme l'histoire familiale dont un violon d'exception, une médaille et un linge de table souillé constituent les tragiques emblèmes. De fait, la révélation progressive ressaisit la funeste histoire européenne et plonge ses racines aux sources du mal. De l'Inquisition à la dictature espagnole et à l'Allemagne nazie, d'Anvers à la Cité du Vatican, vies et destins se répondent pour converger vers Auschwitz-Birkenau, épicentre de l'abjection totale. Confiteor défie les lois de la narration pour ordonner un chaos magistral et emplir de musique une cathédrale profane. Sara, la femme tant aimée, est la destinataire de cet immense récit relayé par Bernat, l'ami envié et envieux dont la présence éclaire jusqu'à l'instant où s'anéantit toute conscience. Alors le lecteur peut embrasser l'itinéraire d'un enfant sans amour, puis l'affliction d'un adulte sans dieu, aux prises avec le Mal souverain qui, à travers les siècles, dépose en chacun la possibilité de l'inhumain - à quoi répond ici la soif de beauté, de connaissance et de pardon, seuls viatiques, peut-être, pour récuser si peu que ce soit l'enfer sur la terre.

Auteur :
Cabré, Jaume (1947-....)
Traducteur :
Raillard, Edmond (1951-....)
Éditeur :
Arles, Actes Sud,
Collection :
Lettres hispaniques
Genre :
Roman
Langue :
français.
Pays :
France.
Traduction de l'ouvrage :
Jo confesso
Description du livre original :
1 vol. (779 p.) : couv. ill. en coul. ; 24 cm
ISBN :
9782330022266.
Domaine public :
Non

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