Résumé

Siegfried Lenz est, par excellence, le romancier de la mer et, comme Heinrich Böll, celui de la responsabilité, de la faute collective, du cas de conscience. Dans Le bateau-phare, il a réuni ces deux thèmes d'élection. Sur son navire, ancré dans une baie de la Baltique, le capitaine Freytag recueille trois naufragés. Leur sauvetage marque le début d'un dramatique huis-clos. Entre Freytag, homme de devoir, soucieux seulement d'assurer la sécurité de la navigation et celle de son équipage, et le docteur Caspary, dont la personnalité inquiétante et les objectifs se révèlent peu à peu, un étonnant affrontement intellectuel s'engage, qui dégénère bientôt en épreuve de force. A travers un récit mené comme un thriller -car il préfère les situations révélatrices aux analyses psychologiques-, Siegfried Lenz s'applique à dévoiler les failles secrètes qui font la fragilité d'un individu, menacent la cohérence d'un groupe. Il cherche à repérer le point de rupture, le seuil au-delà duquel une communauté -ici, l'équipage- commence à se défaire, un fils à douter de son père, un homme à se remettre en question. Car la frontière entre l'aventure et le crime est bien indécise et nul n'est jamais vraiment convaincu de sa propre innocence. Jerzy Skolimowski a adapté Le bateau-phare au cinéma et son film a obtenu le Prix spécial du Jury pour la mise en scène à la Mostra de Venise en 1985. Parmi les interprètes : Klaus Maria Brandauer et Robert Duvall. Siegfried Lenz, l'une des figures dominantes de la littérature allemande contemporaine, est né en 1926 à Lyck et vit actuellement à Hambourg. Il a été critique au journal Die Welt. Il est l'auteur de nombreux recueils de nouvelles, d'oeuvres scéniques et de romans, dont deux ont été publiés en français : La nuit des otages, Flammarion, 1965, et La leçon d'allemand, Laffont, 1971. Couverture François Delmote d'après l'affiche originale du film.