Résumé

Les Enchantements de Glastonbury, le cinquième roman de John Cowper Powys, paru en 1932, sera publié, dans sa version française, en quatre volumes : Le Testament, La Crucifixion, Le Miracle, Le Déluge. Powys, à soixante ans, atteint avec ce chef-d'oeuvre la pleine maîtrise de ses pouvoirs créateurs. La vision romanesque "panoramique" qu'il inaugure ici baigne dans l'atmosphère d'une double durée : celle, contemporaine, de la ville de Glastonbury, et celle, mythique, de la geste du Roi Arthur. Le génie du lieu et la mémoire atavique auxquels croyait Powys, l'émergence du passé au sein du présent, donnent à ce livre, loin de toute recherche artificielle, cette véritable "simultanéité" que le roman contemporain a obstinément cherchée par d'autres voies. Ce premier volume, Le Testament, nous plonge dans un monde foisonnant, un univers multiple, aux individualités inoubliables : tels Sam Dekker, le fils du pasteur, Evans, traversé de terribles tentations sadiques, John Crow, homosexuel et tourmenté, et John Geard, créateur hérétique d'une nouvelle religion, qui, dans sa recherche du Graal, donne libre cours à son "mysticisme érotique ". Ils se heurtent à des personnages féminins à la fois violents et nuancés : Mary Crow, chez qui la sensualité se confond avec l’instinct maternel, Nell Zoyland, partagée entre deux amours qui symbolisent la dualité de la chair et de l'esprit, Cordelia, vierge et amoureuse du sadique, Persephone Spear, la femme moqueuse et androgyne. À travers ces personnages, Powys n'a jamais été aussi loin dans sa peinture de la pitié, des obsessions secrètes, des amours homosexuelles, des souvenirs-écrans de l'enfance, des désirs insatisfaits, de l'horreur et de la fascination mêlés à la violence. Livre troublant que ce roman-fleuve qui ne cesse d'évoquer la multiplicité des visages de l'amour, et où les situations les plus insolites sont rendues plausibles par la compassion que l'auteur éprouve pour ses personnages ; livre que l'on a pu comparer à Moby Dick pour son ampleur épique et son interrogation sur le mal inhérent au coeur des hommes.