Résumé

Le débat sur la laïcité donne lieu aujourd’hui en France à une campagne très violente, qui va bien au-delà du débat d’idées et qui n’hésite plus à s’attaquer aux personnes ( ). A la loi contre le voile et à l’expulsion d’imams, s’ajoute la publication de centaines d’opinions libres ou d’éditoriaux dans les journaux et d’un nombre important de livres best-sellers dont la dénonciation du fondamentalisme dérape vite sur une attaque en règle des musulmans et de l’islam en général : le «danger islamique » fait bien la une des revues ( ). Cette violence passionnelle, que certains ont récemment baptisée « islamophobie » ( ) et qui part de milieux politiquement très différents, montre bien que la question de l’islam en France aujourd’hui est quasiment existentielle : l’islam semble mettre en cause l’identité même du pays ou pour le moins la nature de ses institutions. On se mobilise pour la défense des « valeurs républicaines » et de la « laïcité ». (...) Le problème de la laïcité est celui de la séparation entre la sphère religieuse et la sphère politique, au niveau de la société. Le croyant n’a évidemment pas à séparer les deux : c’est sa conscience qui lui dicte la place de chaque ordre. Ce n’est pas la religion qui détermine ce qui relève du religieux, c’est la loi en ce qui concerne la laïcité et la société pour ce qui est de la sécularisation. Le problème est de savoir comment la religion se redéfinit face à ce changement de l’espace social et politique : comment elle s’y adapte, s’y oppose ou bien se crée son propre espace.