Coup de cœur

Dans une mine du nord de la France, Etienne Lantier se présente en quête de travail. Mais les fabriques ferment et les salaires se réduisent. Dans la description de la misère des mineurs, on retrouve le souci du détail de Zola, le fondateur du courant naturaliste. Les plaies béantes que les mines creusent dans la terre, le noir du charbon et de la fumée, le rouge des flammes des cheminées, préfigurent aisément les flammes de l’enfer. Zola raconte l’usure des corps et des âmes et les accidents qui abrègent ces vies dures, des lignées entières de mineurs décimées en un effondrement, une inondation, une chute dans le vide. Il décrit le travail qui ne rapporte jamais assez, les familles qui se débattent à la limite du seuil de subsistance, jamais assez démunies pour en mourir. L’écrivain évoque les dettes contractées chez l’épicier pour de maigres repas, qui finissent par épuiser le crédit, et en contrepoint, la compagnie riche à millions, dix-neuf fosses, dix mille ouvriers, cinq mille tonnes de charbon extraites par jour, et aussi les Grégoire, bourgeois rentiers qui vivent de la mine, dans un confort oisif et bien nourri, inconscient de la misère qui l’alimente, et qui accordent la charité en fonction de préceptes moralisants, sans égard aux besoins réels. Un jour où la paie des mineurs descend trop bas, en dessous de ce qu’il leur faut pour survivre, la grève est décidée, comme une façon de tout risquer lorsque l’on n’a plus rien à perdre, au risque de hâter encore l’échéance.