Coup de cœur

En plein banquet, à Babylone, au milieu de la musique et des rires, soudain Alexandre s’écroule, terrassé par la fièvre. Ses généraux se pressent autour de lui, redoutant la fin mais préparant la suite, se disputant déjà l’héritage - et le privilège d’emporter sa dépouille. Des confins de l’Inde, un étrange messager se hâte vers Babylone. Et d’un temple éloigné où elle s’est réfugiée pour se cacher du monde, on tire une jeune femme de sang royal : le destin l’appelle à nouveau auprès de l’homme qui a vaincu son père… Le devoir et l’ambition, l’amour et la fidélité, le deuil et l’errance mènent les personnages vers l’ivresse d’une dernière chevauchée. Laurent Gaudé, avec sa belle écriture, toujours empruntée de cette grande force tragique qui m'avait séduite lors de ma lecture de La mort du Roi Tsongor m'a ému. Ce roman à l'écriture somptueuse, rythmée, plein d'une mélopée lancinante, nous entraîne dans la légende, dans le royaume des anciens et des grands ayant toujours fait la part belle aux mythes. Il retrace les derniers jours de l'Empire et les batailles qui ont précipité sa perte, et enfin la mort de l'empereur Alexandre le Grand. Et c'est aux côtés de Dryptéis, dont la sœur était l'épouse d'Alexandre, que l'on suivra le cortège funéraire jusqu'aux confins des terres, là où seul le silence perdure et là où personne ne retrouvera ni ne pillera le corps du plus grand Empereur qui ait jamais vécu. Ce court texte épique à plusieurs voix m'a envouté, comme une incantation de laquelle on a peine à s'extraire. Deux voix sont mises en exergue : celle d'Alexandre, bien sûr, par sa présence, sa folie, sa grandeur. Et celle de Dryptéis, vibrante et émouvante dans la dignité et par ses choix. Un portrait de femme magnifique, parce qu'elle porte la douleur et la beauté du monde en elle. Un roman mythique, poignant et poétique, à lire au moins une fois dans sa vie. (L.B. - https://www.facebook.com/lacaverneauxmilleslectures/)