Résumé

«Une nation qui fait une grande distinction entre ses érudits et ses guerriers verra ses réflexions faites par des lâches et ses combats menés par des imbéciles. » Roi de Sparte, cité par Thucydide Ainsi commence cet ouvrage remarquable sur la guerre, sur ses effets tant sur les pays qu’elle frappe que sur les jeunes hommes qui la font et sur les conséquences psychologiques, militaires et sociétales des mutations induites par les progrès techniques de l’armement. Divisé en onze chapitres aux titres d’une simplicité redoutable (Le temple de Mars, Tuer, Le sentiment de culpabilité, L’insensibilisation et la violence, L’ennemi intérieur, Mentir, La loyauté, L’héroïsme, Le retour au pays, Le Cercle et Le lien avec Mars), l’ouvrage aborde en des termes tout à la fois simples, vécus et érudits les questions essentielles que devraient se poser les jeunes soldats qui s’apprêtent à partir au feu, les formateurs des armées qui les entraînent physiquement et moralement à l’art de tuer efficacement, et les autorités politiques qui envoient ces jeunes hommes au front. Écrit en partie pour permettre à son auteur d’accepter et de faire la paix avec les horreurs vécues à la guerre, dont essentiellement le fait de tuer quand on a baigné dans une civilisation qui repose sur le commandement du « Tu ne tueras point », ce livre va bien plus loin que le simple vade-mecum du soldat qui rentre au pays complètement traumatisé par son expérience. On y lit aussi des réflexions extrêmement profondes sur les changements induits par les évolutions techniques d’un armement qui éloigne de plus en plus les combattants les uns des autres et désacralise des rites très anciens qui permettaient et de valoriser le combattant et de le réintroduire dans une société où il doit retrouver des femmes aux rôles traditionnellement contraires au sien : donner la vie au lieu de la prendre. Superbement écrit, cet ouvrage fait honneur à l’auteur d’un Retour à Matterhorn qui a bouleversé les consciences. Un livre utile dans le monde d’aujourd’hui, où les menaces de guerre sont loin d’être vaines.